Une étude révèle des failles majeures dans les recherches sur les questionnaires de dépistage de la dépression

Par Hendrike 11:08, 3 May 2006 (UTC) (Travail personnel) [GFDL (www.gnu.org/copyleft/fdl.html) ou CC-BY-SA-3.0 (www.creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)], via Wikimedia Commons

16 août 2011 – Une nouvelle analyse, publiée dans le British Medical Journal (BMJ), rapporte que des études de recherche comportant des failles méthodologiques ont exagéré la capacité des questionnaires de dépistage de la dépression à identifier précisément les personnes atteintes de dépression non traitée. Le nombre de patients non traités qui pourraient réellement être identifiés à l’aide de ces questionnaires pourrait représenter moins de la moitié du nombre prédit par les études actuelles. Par ailleurs, moins d’un patient sur six qui obtient un résultat positif aux questionnaires standards est susceptible d’être atteint de dépression.

Dirigés par le Dr Brett Thombs de l’Institut Lady Davis de recherches médicales de l’Université McGill, à Montréal, les chercheurs ont conclu que presque toutes les études actuelles comportaient des failles méthodologiques qui exagéraient le degré de précision de ces questionnaires et que la plupart des patients identifiés comme potentiellement déprimés ne l’étaient pas en réalité. En fait, ils ont remis en doute l’efficacité du dépistage de la dépression alors qu’il constitue de plus en plus la norme. Ils en sont arrivés à cette conclusion après avoir analysé les publications médicales relatives aux questionnaires de dépistage de la dépression.

« Le dépistage de la dépression peut permettre d’identifier certains patients atteints de dépression non traitée, ce qui est le but recherché », a déclaré le Dr Thombs. « D’un autre côté, la capacité des questionnaires de dépistage à détecter les patients non traités a été grandement exagérée et leur utilisation pourrait faire en sorte que plusieurs patients soient étiquetés comme dépressifs, alors que ce n’est pas le cas, et qu’ils reçoivent un traitement à l’aide de médicaments antidépresseurs qui comportent des effets secondaires. »

L’utilisation d’antidépresseurs a augmenté considérablement au cours des dernières années. Environ 15 % des adultes américains âgés de plus de 35 ans prennent présentement des médicaments antidépresseurs, la majorité d’entre eux étant prescrits par des médecins omnipraticiens qui sont encouragés à utiliser les questionnaires de dépistage pour identifier les patients atteints de dépression non traitée.

Les questionnaires sont utiles s’ils peuvent adéquatement détecter les patients déprimés qui n’ont pas déjà été identifiés et traités par leur médecin, tout en minimisant le nombre de personnes faussement identifiées comme étant déprimées. Le Dr Thombs et son équipe ont analysé près de 200 études portant sur le degré de précision des questionnaires de dépistage de la dépression contenues dans dix-sept revues d’écrits publiées de 2005 à 2009. Ils ont découvert que seulement huit des 197 études (4 %) avaient été menées auprès de patients dont l’état dépressif était inconnu lorsque les questionnaires ont été remplis. Plus de 95 % des études incluaient aussi les patients ayant déjà reçu un diagnostic ou un traitement pour la dépression, un facteur bien connu comme pouvant exagérer le degré de précision du dépistage.

« Les patients déjà traités pour une dépression sont les plus faciles à identifier. Les médecins y arrivent sans avoir à utiliser un questionnaire de dépistage », a dit le Dr Thombs. « Évaluer les questionnaires de dépistage de la dépression auprès d’un échantillon comportant des patients déjà connus et traités pour une dépression ne constitue pas une évaluation fiable de leur degré de précision. Nous devons savoir comment le dépistage réussirait à identifier les patients chez qui la dépression n’est pas évidente pour les médecins, ce qui représente une tâche beaucoup plus difficile. »

Le Dr Thombs a ajouté : « Peu de gens seraient impressionnés par une prévision précise de la météo d’hier. C’est pourtant la norme qui a été appliquée en matière d’évaluation de la dépression par l’entremise de questionnaires de dépistage. Nous devons faire beaucoup mieux. La dépression est un problème de santé trop important pour que nous nous permettions de ne pas savoir jusqu’à quel point nos tests de dépistage fonctionnent réellement. »

Les Instituts de recherche en santé du Canada et le Fonds de la recherche en santé du Québec ont fourni le financement ayant permis de mener à bien cette étude. En plus du Dr Thombs, les autres chercheuses et chercheurs ayant contribué à cette étude sont : Erin Arthurs, membre du personnel de recherche de l’Institut Lady Davis de recherches médicales; Ghassan El-Baalbaki, boursier de recherches postdoctorales à l’Université McGill; Anna Meijer, étudiante aux études supérieures à l’Université de Groningen, aux Pays-Bas; Roy C. Ziegelstein, M.D., de l’Université Johns Hopkins, et Russell J. Steele, Ph.D., de l’Université McGill.

Sources:
Texte:
Tod Hoffman
Agent des communications en recherche
Institut Lady Davis de recherches médicales
Tél. : 514 340-8222 poste 8661
Courriel : thoffman at jgh.mcgill.ca
Image: By Hendrike 11:08, 3 May 2006 (UTC) (Own work) [GFDL (www.gnu.org/copyleft/fdl.html) or CC-BY-SA-3.0 (www.creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)], via Wikimedia Commons