Selon une étude de Concordia, les enfants victimes de violence risquent davantage de développer des maladies au cours de leur vie
Les personnes victimes de violence dans leur enfance en gardent des cicatrices psychologiques qui peuvent demeurer bien après qu’elles sont devenues adultes. Or, une nouvelle recherche de l’Université Concordia montre que le mal peut également laisser des séquelles physiques durables.
Les scientifiques ont en effet émis l’hypothèse que le stress dans la petite enfance entraînait des changements physiologiques qui influaient sur la réponse de la victime à ce stress et l’exposaient ainsi davantage aux maladies ultérieurement. Jean Philippe Gouin, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur le stress chronique et la santé au Département de psychologie de Concordia, s’est penché sur ce lien et a découvert que la maltraitance durant l’enfance était à l’origine de modifications physiologiques qui pouvaient accroître le risque de maladie cardiovasculaire.
En compagnie de collègues de l’Université d’État de l’Ohio et de l’Université du Missouri, le Pr Gouin a examiné la réponse biologique du corps au stress naturel. « Nous voulions déterminer si la violence subie pendant l’enfance pouvait avoir des incidences durables sur la réponse physiologique au stress dans la vie quotidienne, explique-t-il. Des recherches antérieures avaient évalué l’impact de la violence en bas âge sur la réponse au stress chez les jeunes adultes, mais nous souhaitions vérifier leurs conclusions auprès de personnes plus âgées. »
Les chercheurs ont donc interrogé 130 personnes, âgées en moyenne de 65 ans, au sujet d’événements éprouvants récents et des sévices qu’elles avaient subis durant leur enfance. Un entretien avec les participants a par ailleurs permis d’évaluer la fréquence des facteurs de stress quotidiens au cours des 24 heures précédentes. Ces facteurs incluaient « se disputer avec son conjoint » et « être coincé dans un embouteillage et par conséquent arriver en retard à un rendez-vous important ». Des échantillons de sang ont ensuite été prélevés auprès des sujets afin de mesurer les niveaux de trois marqueurs biologiques.
Les résultats de l’expérience, récemment parus dans la publication Annals of Behavioral Medicine, ont montré qu’il existait de nettes différences entre les deux groupes étudiés à l’égard d’un des trois marqueurs biologiques. Chez les victimes de violence qui avaient signalé de nombreux facteurs de stress au cours des 24 heures précédentes, les niveaux d’interleukine-6 (IL-6) étaient en effet plus de deux fois plus élevés que ceux des participants ayant rapporté de multiples facteurs de stress quotidiens, mais aucun mauvais traitement dans le passé.
Ce constat révèle que l’impact de la violence en bas âge peut durer bien après que les victimes sont devenues adultes. « Si la production de marqueurs inflammatoires comme l’IL-6 est essentielle à la lutte contre les infections aiguës, une surproduction peut entraîner le développement de troubles liés à l’âge comme les maladies cardiovasculaires. Une production exagérée d’IL-6 en réponse aux facteurs de stress quotidiens peut donc donner lieu à un état physiologique qui, au fil des ans, augmente le risque de maladie cardiovasculaire », conclut le Pr Gouin.
Source du texte et de l’image: Université Concordia Relations avec les medias
Article de recherche original: Annals of Behavioral Medecine