Une étude dirigée par l’Université de Bonn et l’Université ShanghaiTech, en collaboration avec l’Université de Sherbrooke, ouvre la porte à la création de nouveaux analgésiques.
Conjointement avec des collègues universitaires chinois, belges, allemands et américains, l’équipe de chercheurs de l’Université de Sherbrooke (UdeS), dirigée par le directeur du Département de pharmacologie-physiologie, professeur Louis Gendron, a participé à la découverte du mécanisme de liaison d’un important récepteur aux opioïdes. Les résultats devraient faciliter le développement de nouvelles substances actives. Les opioïdes utilisés de nos jours pour traiter les douleurs intenses peuvent créer une dépendance et ont souvent des effets secondaires importants, comme la nausée. Les résultats sont publiés dans la revue renommée Science Advances.
Les opioïdes utilisés en clinique, comme la morphine, l’oxycodone ou le fentanyl, se lient à des récepteurs opioïdes dans l’organisme que nous appelons les récepteurs MOP, DOP et KOP. Les analgésiques actuellement sur le marché activent surtout les récepteurs MOP (aussi appelé récepteurs opioïdes mu). Or, son activation peut non seulement avoir un caractère toxicomanogène, mais également des effets indésirables importants.
« Les substances qui activent sélectivement le récepteur DOP n’ont probablement pas les effets indésirables communément associés à la morphine. », avance le Pr Louis Gendron de l’Institut de pharmacologie de l’UdeS, qui s’intéresse à cette cible depuis plusieurs années. Les trois récepteurs opioïdes sont tellement semblables que de nombreux médicaments les activent de façon non sélective. Les résultats publiés aujourd’hui révèlent des détails importants du processus de liaison qui nous permettront de trouver des substances qui ne stimulent que le récepteur DOP.
Dans cet effort collectif, l’équipe du Pr Gendron a eu la lourde tâche de montrer le rôle de chacun des points de contact entre les ligands et le récepteur, préalablement identifiés par rayons X :
C’est grâce à notre grande expertise en pharmacologie des opioïdes que nous avons été approchés pour participer à cette importante étude.
Pr Gendron
La contribution de l’UdeS à ce projet, financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), a été de décrire avec précision l’importance de chaque point d’interaction entre le récepteur et chacun des deux ligands pour l’activation sélective de ce récepteur. Les informations recueillies au cours des deux années investies dans ce projet permettront de développer de nouveaux composés qui pourraient potentiellement mener à de nouveaux traitements contre la douleur.
Au-delà de cette réalisation extraordinaire, ce type d’effort collectif montre bien l’expertise qu’occupe sur la scène internationale en matière de recherche sur les médicaments l’Université de Sherbrooke, par le biais de sa Faculté de médecine et des sciences de la santé, et le Centre de recherche du CHUS.
Article de recherche original:
Tobias Claff, Jing Yu, Véronique Blais, Nilkanth Patel, Charlotte Martin, Lijie Wu, Gye Won Han, Brian J. Holleran, Olivier Van der Poorten, Michael A. Hanson, Philippe Sarret, Louis Gendron, Vadim Cherezov, Vsevolod Katritch, Steven Ballet, Zhi-Jie Liu, Christa E. Müller, Raymond C. Stevens : Elucidating the active delta-opioid receptor crystal structure with peptide and small molecule agonists. Science Advances 27 Nov 2019:
Vol. 5, no. 11, eaax9115
DOI: 10.1126/sciadv.aax9115
Informations complémentaires
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