Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) est un fléau pour quiconque en souffre. Les symptômes sont déchirants – cauchemars, flashbacks, mauvaise qualité de sommeil, irritabilité, et manque de concentration. Certains se sentent même déconnectés de la réalité, comme s’ils étaient pris dans une cage mentale dont ils ne pourraient se libérer.
Bien que les professionnels de la santé puissent identifier les signes externes du SSPT, trouver la cause interne s’avère difficile. Les chercheurs ont tenté pendant des décennies de trouver les causes psychologiques et neurologiques, et ont trouvé des facteurs associés à l’apparition de la maladie, comme des altérations des niveaux de sérotonine et de cortisol et de la signalisation électrochimique dans le cerveau. Certains modèles ont été développés pour tenter d’expliquer comment le SSPT se développe, mais aucun ne peut expliquer comment ce piège se forme et pourquoi il est si difficile d’en sortir.
Toutefois, il pourrait y avoir une percée dans la compréhension de la « cage mentale » du SSPT grâce à un projet de recherche de Recherche et développement pour la défense Canada, à l’hôpital SickKids de Toronto. L’équipe de recherche, dirigée par Dr Elizabeth Pang, a choisi une nouvelle approche pour examiner les effets du SSPT, en se concentrant sur le cerveau en temps réel. Leurs résultats ont été publiés dans le Journal of Neuroscience.
L’équipe voulait examiner le SSPT au niveau du traitement du cerveau. Pour ce faire ils ont choisi la magnétoencéphalographie, ou MEG. L’objectif de cette technologie est de mesurer le champ neuromagnétique dans le cerveau, puis d’enregistrer des changements dans l’oscillation du cerveau et son amplitude. La technique leur permettait de voir les régions actives du cerveau, mais aussi les zones plus silencieuses.
Ce n’était pas la première fois que le MEG était utilisé pour examiner un symptôme du SSPT. En 2013, la technique avait été utilisée pour mieux comprendre comment le traumatisme affecte le traitement émotionnel. Ces résultats avaient aidé expliquer pourquoi les personnes souffrant de SSPT semblent renfermées sur elles-mêmes. Chez elles, les mécanismes de détection de menace sont surélevés, et un réseau se développe dans le cortex pré-frontal pour anticiper le danger plutôt que de traiter adéquatement les stimuli.
Quelques années plus tard, l’équipe de Pang a poursuivi dans cette veine pour fournir une compréhension plus complète du rôle de la peur au fil du temps. Les résultats ont montré que les personnes ayant un diagnostic confirmé de SSPT présentaient des amplitudes plus élevées de réponse à des stimuli neutres par rapport aux personnes sans la condition. Ceci suggère que les patrons de réponse neuronaux avaient été modifiés.
L’étude la plus récente de Pang ne portait pas sur la réponse aux stimuli mais sur le mécanisme de traitement de l’information. Pour ce faire, ils ont étudié des volontaires militaires avec et sans SSPT ainsi que des civils avec et sans dommages cérébraux légers. L’étude de ces personnes pourrait offrir une perspective sur la différence entre le SSPT et les lésions cérébrales. Si l’équipe avait raison, les quatre groupes présenteraient des profils de traitement de l’information distincts.
Une fois les volontaires choisis, ils ont été exposés à une variété de stimuli, sous forme d’images et de mots. Les profils MEG ont été recueillis et ensuite analysés pour déterminer à la fois l’emplacement des champs magnétiques et aussi leurs fréquences. Une fois cette tâche terminée, l’équipe pouvait alors trouver les différences entre les quatre groupes.
Les résultats ont révélé que les personnes souffrant de SSPT semblaient être constamment engagés dans une boucle mentale d’activité cérébrale. Selon les fréquences, l’équipe a réalisé que ces processus étaient associés à la mémoire et au traitement de l’information. Cette surabondance d’un type de fréquence empêchait les autres, y compris celles liées à la pensée consciente, d’être utilisées de manière appropriée. C’est pourquoi les personnes atteintes de SSPT ne répondaient pas aussi fortement aux divers stimuli.
L’examen de la différence de fréquence a également fourni une certaine perspective sur la façon dont ceux qui sont atteints de SSPT souffrent. Ils sont enfermés dans un monde de souvenirs et de traitements continus sans moyens apparents de s’en sortir. Ceci a une incidence directe sur leur capacité de vivre pleinement dans le moment présent, ce qui affecte leur qualité de leur vie. Au fil du temps, cette incapacité à fonctionner dans le contexte social pourrait affecter l’estime de soi, et mener à la colère, l’agression, la dépression et l’automutilation.
Cependant, cette étude ouvre la porte à d’éventuelles options de traitement. En aidant à équilibrer les fréquences, les effets du piège pourraient être réduits et la qualité de vie d’une personne pourrait s’améliorer. Bien qu’aucun traitement ne soit disponible pour le moment, l’utilisation du MEG pourrait aider à trouver la clé permettant de sortir les personnes de cette « cage mentale » et à avoir une meilleure qualité de vie.