Un traitement pour la sclérose en plaque largement prescrit ne ralentit pas la progression de la maladie, selon une étude de l’université de Colombie-Britannique

Dr Helen Tremlett
Dr. Helen Tremlett

Les chercheurs de la clinique de la sclérose en plaque (SEP) de l’hôpital de UBC et du Brain Research Center at Vancouver Coastal Health ont publié des données importantes dans le Journal de l’Association médicale américaine (Journal of the American Medical Association – JAMA) sur l’impact d’un traitement médicamenteux commun sur la progression de la sclérose en plaques pour les personnes atteintes de la forme cyclique (poussées-rémissions) de la maladie.

L’étude, dirigée par les Drs Helen Tremlett, Afsaneh Shirani, Joel Oger et d’autres, ne montre aucune preuve solide qu’un groupe de médicaments, les interférons bêta (ß-IFN), prescrits pour traiter la SEP ait eu un impact mesurable sur la progression de l’invalidité à long terme due à la maladie.

 

L’équipe a examiné les dossiers de santé de 2656 patients de la Colombie-Britannique entre 1985 à 2008 dans une étude de cohorte rétrospective, ce qui signifie que des données provenant de sources déjà collectées ont été reliées entre elles, anonymement, et étudiées. Les sources de données incluaient le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique, PharmaNet et la base de données de SEP de la Colombie-Britannique, avec l’aide de Population Data BC.

La population étudiée comprenait des patients atteints de SEP qui ont été traités avec les interférons bêta (ß-IFN), le traitement le plus largement utilisé pour les SEP cycliques, ainsi que des patients atteints de SEP non traités. L’équipe de recherche a découvert que l’administration de β-IFN n’était pas associée à un changement significatif dans la progression du handicap.

 

Ces résultats pourront être d’intérêt pour les patients atteints de SEP avec cette forme de la maladie, mais les chercheurs sont prompts à souligner que ce n’est qu’une mesure de ces médicaments modificateurs de la maladie et qu’ils présentent d’autres avantages potentiellement important pour les patients.

 

Regardez une vidéo (en anglais) sur cette étude à http://www.youtube.com/watch?v=7KuUCGiLWFk. Une vidéo de commentaires supplémentaires du Prof Tremlett est disponible ici.

 

«Cette étude fournit des informations supplémentaires aux patients et aux cliniciens quant à l’effet à long terme de cette classe de médicaments,» dit l’auteur correspondant, Dr Helen Tremlett (PhD), qui détient la Chaire de recherche du Canada en neuroépidémiologie et sur la sclérose en plaques à UBC . «Nous savons que cette classe de médicaments est très utile dans la réduction des rechutes, ce qui est important pour les patients. Nous ne recommandons pas que les patients cessent de prendre ces médicaments, mais ces résultats fournissent des données pour permettre des attentes plus réalistes quant aux avantages escomptés des traitements du point de vue des handicaps. »

 

«Il est toujours possible que certains patients tirent des bénéfices à long terme des ß-IFN. Nous tentons maintenant d’identifier qui sont ces patients qui répondent au traitement, «dit le Dr Afsaneh Shirani, qui est le premier auteur du papier et stagiaire post-doctoral à la Faculté de médecine de UBC et au Brain Research Centre et du centre de recherche VCH. «Notre étude encourage également la recherche de nouveaux traitements pour la SEP», ajoute-t-elle.

 

«En outre, cette étude suggère que les données liées à des bases de données administratives sur la santé ont un potentiel énorme pour des applications en recherche, malgré tous les défis de couplage des enregistrements», dit le Dr Shirani.

 

La SEP cyclique est caractérisée par des poussées au cours desquelles de nouveaux symptômes peuvent apparaître ou alors d’anciens symptômes peuvent reparaître ou s’aggraver.  Ces rechutes sont suivies par des périodes de rémission pendant lesquelles la personne peut récupérer entièrement ou partiellement. La SP cyclique est la forme la plus courante de SP.  Elle affecte environ 85% des patients atteints de SP au Canada.

 

«Dans les situations d’essais cliniques, il a été tout à fait évident depuis des années que les patients recevant un traitement β-IFN ont une fréquence réduite de rechutes ainsi qu’une réduction du nombre de nouvelles lésions visibles par IRM», explique le Dr Joel Oger, qui est aussi un neurologue à la clinique de SEP de l’hôpital de UBC. «Cette étude, qui suit un grand nombre de patients pour une longue période de» situation de vie réelle», ne montre pas d’effet des interférons β-sur l’invalidité à long terme.   Elle tend à confirmer une compréhension plus moderne de la SP:  les poussées pourraient ne pas être responsables de l’invalidité à long terme chez tous les patients et un autre mécanisme pourrait aussi être à l’œuvre. »

 

L’équipe de recherche prépare de nouvelles études pour examiner les effets de ces médicaments et d’autres familles de drogues qui modifient la progression de la SP. Ils espèrent que leurs recherches aboutiront à une approche individualisée pour le traitement de la sclérose en plaques.

 

L’équipe de dix chercheurs et médecins de la Clinique de SEP et du UBC Hospital Brain Research Centre à Vancouver Coastal Health et du département des statistiques de UBC sont considérés comme des chefs de file mondiaux dans la recherche et le traitement de cette maladie. La clinique comprend une des bases de données les plus importantes au monde sur la SEP, et les thèmes de recherche incluent les traitements pharmaceutiques, l’IVCC, l’épidémiologie, la neuro-immunologie, l’imagerie, la génétique, la réhabilitation et la qualité de vie.

 

Partenaires de recherche

Cette étude a été financée conjointement par les Instituts de Recherche en Santé du Canada, et la National MS Society des États-Unis. Les chercheurs sont également financés par la Société canadienne de la SEP, la Fondation Michael Smith pour la recherche en santé, le programme des Chaires de recherche du Canada, le Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada et la Fondation Christopher de Vancouver.

 

 

Source du texte et l’image: UBC Public Affairs, Université de la Colombie-Britannique, Brain Research Centre, Vancouver Coastal Health Research Institute.