Pour mémoriser une information, il vaut mieux tenter de la lier à une chose significative, plutôt que de simplement la répéter pour la retenir, indique une étude récente de Baycrest publiée dans NeuroImage.
«Lorsque nous apprenons de nouvelles informations, notre cerveau a deux façons différentes de se les rappeler pendant une courte période, soit en répétant mentalement les sons des mots, ou en pensant à la signification des mots», explique le Dr Jed Meltzer, auteur principal et scientifique au Rotman Research Institute de Baycrest. « Les deux stratégies créent une bonne mémoire à court terme, mais se concentrer sur le sens est plus efficace pour conserver les informations plus longtemps. Il s’agit d’un cas où travailler plus fort ne signifie pas travailler mieux. »
Des études antérieures avaient examiné comment la répétition permet de créer des souvenirs à court terme, mais de nouvelles données suggèrent que se concentrer sur la signification des mots aiderait à «transférer» les souvenirs du court terme au long terme, dit le Dr Meltzer. Cette constatation est conforme aux stratégies utilisées par les champions du monde de la mémoire, qui créent des histoires riches en sens pour se souvenir d’informations aléatoires, comme l’ordre d’un jeu de cartes.
Grâce à ce travail, les chercheurs ont pu identifier les différentes parties du cerveau impliquées dans la création des deux types de souvenirs à court terme.
« Cette découverte montre qu’il existe plusieurs mécanismes dans le cerveau qui soutiennent la mémoire à court terme, qu’il s’agisse de se rappeler d’informations basées sur le son ou le sens», explique le Dr Meltzer, qui est également professeur de psychologie et de pathologie du langage à l’Université de Toronto. « Lorsque des gens souffrent suite à un accident vasculaire cérébral ou d’une démence, l’un des mécanismes peut être perturbé. Les gens pourraient apprendre à compenser en s’appuyant sur une autre méthode pour former des souvenirs à court terme ».
Par exemple, les gens qui ont du mal à se souvenir pourraient transporter avec eux un bloc-note et répéter l’information jusqu’à ce qu’ils aient l’opportunité de l’écrire, ajoute-t-il.
L’étude a enregistré les ondes cérébrales de 25 adultes sains alors qu’ils écoutaient des phrases et des listes de mots. Les participants ont été invités à contenir l’information dans leur mémoire à court terme pendant plusieurs secondes, puis à le réciter, pendant que leurs ondes cérébrales étaient enregistrées. Les participants ont ensuite été emmenés dans une salle de test pour voir s’ils pouvaient se rappeler de l’information qui avait été entendue. Grâce aux scans du cerveau, les chercheurs ont identifié l’activité cérébrale liée à la mémorisation par le son et la signification.
Comme prochaines étapes, le Dr Meltzer utilisera ces résultats pour explorer la stimulation cérébrale ciblée qui pourrait stimuler la mémoire à court terme des patients atteints d’AVC.
Un financement supplémentaire soutiendrait l’exploration de quels types de mémoire sont mieux traités par les médicaments actuels ou la stimulation cérébrale et comment ils peuvent être améliorés.
Ce travail a été soutenu par le financement du prix Tony Hakim pour la recherche innovante sur les AVC du Partenariat canadien pour le rétablissement de l’AVC, une bourse de nouveau chercheur de l’Association Alzheimer, et Baycrest Health Sciences.
Source du texte :
Baycrest.org : http://www.baycrest.org/research-news/making-information-meaningful-leads-to-better-memory/
Traduction: CAN-ACN
Article de recherche original:
Meltzer JA, Kielar A, Panamsky L, Links KA, Deschamps T, Leigh RC.
Electrophysiological signatures of phonological and semantic maintenance in sentence repetition. Neuroimage. 2017 May 17;156:302-314. doi: 10.1016/j.neuroimage.2017.05.030.