Des chercheurs identifient une nouvelle cible pour le développement de médicaments
Des chercheurs de l’Université McGill ont découvert que le sodium – le principal constituant chimique du sel de table – est le commutateur unique d’un important récepteur de neurotransmetteur du cerveau. Appelé récepteur kaïnate, cette structure est essentielle au fonctionnement normal du cerveau et est mise en cause dans de nombreuses affections, comme l’épilepsie et la douleur neuropathique.
Le professeur Derek Bowie et son équipe du Département de pharmacologie et thérapeutique de l’Université McGill ont fait cette découverte en collaboration avec des chercheurs de l’Université d’Oxford. En offrant un nouveau point de vue sur la transmission de l’information par le cerveau, leurs travaux mettent en lumière une nouvelle cible pour le développement de médicaments. Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue scientifique Nature Structural & Molecular Biology.
L’équilibre de l’activité du récepteur kaïnate est essentiel à la préservation des fonctions cérébrales. Ainsi, comme l’activité de ce récepteur est réputée excessive chez les personnes atteintes d’épilepsie, les spécialistes croient que les médicaments capables de freiner cette activité pourraient être bénéfiques.
« Depuis des décennies, les spécialistes croyaient que le commutateur de tous les récepteurs cérébraux se trouve sur le site de fixation du neurotransmetteur », explique le professeur Bowie, titulaire d’une chaire de recherche du Canada en pharmacologie des récepteurs. « Cependant, nous avons trouvé un site distinct qui lie les atomes de sodium et contrôle l’activation et l’inactivation des récepteurs kaïnates. »
Le commutateur sodique étant propre aux récepteurs kaïnates, les médicaments conçus pour le stimuler ne devraient agir nulle part ailleurs dans le cerveau. Cette particularité pourrait se révéler importante, car les médicaments agissent souvent sur de nombreux sites en plus de ceux qu’ils sont censés cibler, occasionnant ainsi des effets indésirables. Ces effets indésirables « hors cible » constituent l’un des plus importants enjeux de la médecine moderne.
« Maintenant que nous savons comment stimuler les récepteurs kaïnates, nous devrions être en mesure de concevoir des médicaments qui peuvent essentiellement les désactiver », affirme le professeur Bowie.
Les chercheurs du laboratoire dirigé par le professeur Philip Biggin, à l’Université d’Oxford, ont eu recours à des simulations par ordinateur afin de prévoir l’effet du sodium sur le récepteur kaïnate.
Ces travaux ont été rendus possibles en partie grâce à une subvention accordée par Le Cerveau@McGill, un partenariat entre l’Université d’Oxford, le Centre des neurosciences de Zurich et l’Université McGill qui vise à favoriser la collaboration entre chercheurs en neurosciences.
Le Cerveau@McGill
Le Cerveau@McGill pose un nouveau regard sur des décennies de travaux d’érudition dans le domaine des neurosciences. Il a pour but de regrouper les possibilités de recherche et d’études offertes par une douzaine d’instituts clés au sein du réseau de l’Université McGill et par les partenaires de cette dernière partout dans le monde. En 2009, l’Université d’Oxford s’est jointe à l’Université McGill dans le cadre d’une collaboration officielle entre les facultés de médecine des deux établissements. Depuis, Le Cerveau@McGill a accueilli également le Collège impérial de Londres et le Centre des neurosciences de Zurich comme partenaires.
Source du texte et de l’image: Université McGill
Article de recherche original:
Dawe GB, Musgaard M, Andrews ED, Daniels BA, Aurousseau MR, Biggin PC, Bowie
D. Defining the structural relationship between kainate-receptor deactivation and desensitization. Nat Struct Mol Biol. 2013 Aug 18. doi: 10.1038/nsmb.2654. [Epub ahead of print] PubMed PMID: 23955023.