Certains souvenirs semblent aller ensemble. Pensez à une événement important dans votre vie. Vous allez probablement vous rappeler d’un autre événement qui est arrivé à cette époque aussi, comme l’échange de vœux à votre mariage, puis les mouvements de danse épiques de vos amis plus tard cette même nuit. D’une certaine manière ces deux souvenirs semblent liés dans votre esprit.
Une nouvelle étude menée à The Hospital for Sick Children (SickKids), étudie ce lien entre les souvenirs et illustre comment certains souvenirs deviennent liés dans le cerveau. L’étude est publiée dans l’édition en ligne du 22 juillet de la revue scientifique Science.
La Dre Sheena Josselyn, co-investigatrice principale de cette étude, et son laboratoire étudient comment le cerveau forme, entrepose et organise les souvenirs depuis de nombreuses années. Les travaux antérieurs de son laboratoire ont permis d’identifier des collections de neurones (Engram) dans l’amygdale qui stockent des souvenirs spécifiques chez la souris. L’amygdale est une région du cerveau qui est importante pour l’encodage des souvenirs importants.
Il existe plusieurs milliers de neurones dans l’amygdale, mais comment le cerveau « décide »-t-il quel neurones encoderont un souvenir en particulier? «Nous avons constaté que l’activité, ou l’excitabilité, des neurones dans l’amygdale fluctue, et que les neurones qui sont les plus excitables lorsqu’un événement se produit sont aussi les plus susceptibles de ‘capturer’ ce souvenir», dit Josselyn, scientifique principal en Neurosciences et santé mentale au SickKids.
L’étude a révélé qu’après avoir encodé pour un souvenir, ces cellules « Engram » restent actives pendant quelques heures avant que leur niveau d’excitabilité ne baisse. Les chercheurs ont montré que, si un deuxième événement se produit à l’intérieur de cette fenêtre (moins de six heures), alors le souvenir de ce deuxième événement sera encodé dans le même ensemble de neurones. Du fait que ces deux souvenirs soient encodés dans la même population de cellules, ils deviennent liés.
Si un deuxième événement se produit en dehors de la fenêtre pendant laquelle les cellules du premier ‘Engram’ sont activées et excitées (un jour plus tard, par exemple), alors le souvenir de ce deuxième événement est encodé dans une autre population de cellules. Ces deux souvenirs ne sont pas liés et on s’en souvient comme étant des événements tout à fait distincts.
Cet article montre que l’excitabilité d’un neurone est le facteur clé pour déterminer si deux souvenirs sont liés ou non. En manipulant artificiellement l’excitabilité des neurones, l’équipe de recherche a montré qu’il était possible de relier deux mémoires qui devraient normalement être codés dans des populations distinctes de neurones de l’amygdale. A l’inverse, ils ont montré qu’il était possible de séparer deux souvenirs qui devraient normalement être encodés dans la même population de neurones.
«Nos données permettent de commencer à découvrir les principes de l’organisation de nos souvenirs – comment le fait de se remémorer un événement évoque des souvenirs d’événements étroitement liés», dit Josselyn qui est également professeur agrégé aux départements de physiologie et de psychologie à l’Université de Toronto.
Paul Frankland, co-investigateur principal de l’étude ajoute: «Ces résultats peuvent avoir un intérêt pour divers troubles psychiatriques. Par exemple, comprendre comment les souvenirs sont liés peut fournir des indices quant à la façon dont ils deviennent indûment connectés dans des conditions telles que la schizophrénie « .
Ce travail a été soutenu par les Instituts de recherche en santé, le Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada, Neuro Canada, et des subventions de la Brain and Behavior Research Foundation grants, et de la SickKids Foundation.
Source du texte: SickKids Hospital
Traduction: CAN-ACN
Article de recherche original:
Competition between engrams influences fear memory formation and recall
Asim J. Rashid, Chen Yan, Valentina Mercaldo, Hwa-Lin (Liz) Hsiang, Sungmo Park, Christina J. Cole, Antonietta De Cristofaro, Julia Yu, Charu Ramakrishnan, Soo Yeun Lee, Karl Deisseroth, Paul W. Frankland*, Sheena A. Josselyn*, Science 22 Jul 2016: Vol. 353, Issue 6297, pp. 383-387
DOI: 10.1126/science.aaf0594