Des chercheurs diminuent les comportements associés au jeu compulsif chez des rats

Dr. Catherine Winstanley
Dr. Catherine Winstanley

À l’aide d’un casino pour rats, des chercheurs de l’Université de la Colombie -Britannique ont réussi à réduire, chez les animaux, les comportements qui sont communément associés au jeu compulsif chez les humains.

L’étude, qui est la première en Amérique du nord à avoir réussi à modéliser le jeu de type «machine à sous» avec des rats, est aussi la première à montrer que les comportements de jeu problématiques peuvent être traités avec des médicaments qui bloquent les récepteurs de dopamine D4. Les résultats ont été publiés dans la revue Biological Psychiatry.

«Des études plus approfondies seront nécessaires, mais ces résultats offrent un nouvel espoir pour le traitement de la dépendance au jeu, qui est un sujet de préoccupation croissante en santé publique », explique Paul Cocker, auteur principal de l’étude et doctorant en Département de psychologie de UBC. «Cette étude apporte un éclairage nouveau sur les processus cérébraux impliqués dans le jeu et le jeu compulsif.»

Dans cette étude, les rats jouaient pour des granules de sucre à l’aide d’un appareil de style machine à sous qui comportait trois feux clignotants et deux leviers qu’ils pouvaient pousser avec leurs pattes. Les rats affichaient plusieurs comportements associés au jeu compulsif comme la tendance à considérer une mise perdue de justesse («quasi-gain») comme un gain.

S’appuyant sur des recherches antérieures, l’équipe s’est concentrée sur le récepteur à dopamine D4, qui a été associé à une variété de troubles du comportement, mais qui n’avait jamais été utilisé pour leur traitement. L’étude a constaté que les rats traités avec un médicament qui bloque les récepteurs de dopamine D4 présentaient une réduction des niveaux de comportements associés au jeu compulsif.

Bien que ces résultats suggèrent que le blocage du récepteur de la dopamine D4 pourrait aider à réduire les comportements de jeu pathologiques chez l’homme, les chercheurs notent que davantage de recherches sont nécessaires avant que les médicaments ne puissent être considérés comme un traitement pharmaceutique valable pour le jeu pathologique chez les humains.

Contexte: «Le jeu pathologique est de plus en plus considéré comme une dépendance comportementale similaire à la toxicomanie ou à l’alcoolisme, mais on sait relativement peu de choses sur la façon de traiter les problèmes de jeu », explique Cocker. «Notre étude est la première à montrer qu’en bloquant ces récepteurs, nous pourrions être en mesure de réduire les aspects gratifiants de quasi-gains qui semblent jouer un rôle important dans le jeu ».

Méthodes : Dans cette étude de 16 mois, une cohorte de 32 rats de laboratoire devaient répondre à une série de trois feux clignotants avant de choisir entre deux leviers. Une combinaison de lumières (tous les voyants allumés) signalait un gain et sept combinaisons (zéro, une ou deux lumières) signalaient une perte. Un levier «encaissement » récompensait le rat avec 10 boulettes de sucre pour les essais gagnants, mais causait une pénalité de 10 secondes pour les essais perdants. Le levier «essayer à nouveau» permettait aux rats de commencer un nouvel essai sans pénalité, mais ne fournissait pas de granules de sucre.

Fait intéressant, les rats avaient tendance à choisir le levier d’encaissement lorsque deux feux (quasi-gain) étaient éclairés, ce qui suggère que les rats, comme les gens, sont sensibles à l’effet de quasi-gain. En bloquant les récepteurs D4 avec des médicaments, les chercheurs ont réussi à réussi à réduire la fréquence du choix du levier «encaissement» pour les essais non-gagnants.

Le médicament utilisé pour bloquer les récepteurs D4 utilisé dans l’étude a déjà été testé sur des humains pour tenter de traiter les troubles du comportement comme la schizophrénie, mais sans succès.

Quasi-gains : Ce biais cognitif commun est considéré comme un facteur important dans le développement de problèmes de jeu pathologique. Le fait que les machines à sous ont tendance à générer une proportion relativement élevée de quasi-gains en comparaison à d’autres jeux de hasard pourrait être la raison pour laquelle ces machines causent une dépendance particulièrement forte.

Les auteurs de l’étude: Paul Cocker et le professeur Catharine Winstanley (Département de psychologie, UBC ), Bernard Le Foll (Université de Toronto, Centre for Addiction and Mental Health) et Robert D. Rogers (Bangor University ).

Le laboratoire de génétique moléculaire et de neurosciences comportementales, dirigé par le professeur de psychologie Catharine Winstanley, de UBC, s’intéresse à la compréhension des mécanismes biologiques de fonctions telles que le contrôle des impulsions et le jeu, ce qui conduit à des traitements nouveaux et améliorés pour les troubles tels que le déficit d’attention avec hyperactivité, le trouble bipolaire, les troubles de la personnalité, et la toxicomanie.

Le jeu compulsif : Le jeu compulsif touche entre trois et cinq pour cent des Nord-Américains, selon des statistiques récentes.

Source du texte: University of British Columbia

Traduction: CAN-CAN

Article de recherche original: Cocker PJ, Le Foll B, Rogers RD, Winstanley CA. A Selective Role for Dopamine D(4) Receptors in Modulating Reward Expectancy in a Rodent Slot Machine Task. Biol Psychiatry. 2013 Oct 3. [Epub ahead of print]