Bonbons et friandises altèrent le cerveau des animaux

Stephanie Borgland
Stephanie Borgland
La suralimentation est le premier facteur déterminant l’obésité, qui est l’une des plus importants problèmes de santé affectant les Canadiens. Une nouvelle étude animale en provenance du Hotchkiss Brain Institute (HBI) à l’université de Calgary, montre comment un régime à haute teneur en gras altère rapidement les el circuits de récompense du cerveau, ce qui peut conduire à une augmentation des comportements de recherche de nourriture et de prise de risque pour obtenir de la nourriture. L’étude a été publié le 15 février dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States.

L’étude contribue à notre compréhension des éléments qui sous-tendent le développement, et les implications, de la suralimentation.
« Notre recherche montre qu’une journée complète de la consommation d’aliments sucrés et gras cause une augmentation du nombre de synapses sur les neurones dopaminergiques – les neurones qui sont responsables de la motivation», explique Stephanie Borgland, PhD, professeur agrégé au Département de physiologie et pharmacologie, membre du HBI et auteure principale de l’étude. «Ce changement dans le cerveau peut durer au moins une semaine, favorisant ainsi la recherche de nourriture et la suralimentation, même plusieurs jours après l’exposition initiale à la nourriture.»

Les animaux de l’étude ont été exposés à une quantité illimitée d’aliments sucrés et très gras, semblables à des biscuits sablés, pour une période de 24 heures avant de retourner à leur diète régulière. Les chercheurs ont observé des changements synaptiques dans l’aire tegmentale ventrale (Ventral tegmental area ou VTA), une région du mésencéphale qui joue un rôle central dans la recherche de récompenses. L’augmentation des synapses de neurones dopaminergiques du VTA suggère que le cerveau est prêt à vouloir manger plus, indépendamment des niveaux de faim.
En plus des modifications synaptiques observées dans le cerveau, des changements de comportement ont également été observés chez les animaux qui s’étaient empiffrés. Les chercheurs ont noté qu’ils présentaient une augmentation des comportements à risque (comme entrer dans un endroit bien éclairé, malgré leur peur innée de la lumière) pour atteindre une fois de plus la même nourriture sucrée et riche en graisses, après la période de 24 heures, que ceux qui n’avaient pas été exposés à la diète grasse.

«Cette recherche pourrait aider à développer des stratégies pour réduire la suralimentation due à une consommation ou l’exposition à des aliments gras et sucrés», dit Liu Shuai, PhD, chercheur postdoctoral à HBI et premier auteur de l’étude.

Bien que cette étude ait été réalisée chez des modèles animaux, le cerveau humain comporte des circuits analogues qui stimulent la prise de nourriture. Actuellement, les chercheurs ne savent pas si la consommation de malbouffe peut altérer les synapses dans le cerveau humain. Cependant, ils savent, par IRMf, que la publicité alimentaire entraîne les gens à manger plus et que ceci active les régions du cerveau impliquées dans le traitement de la récompense.

L’étude a été financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.

Source: University of Calgary

Traduction: CAN-ACN

Article de recherche original:
Liu S, Globa AK, Mills F, Naef L, Qiao M, Bamji SX, Borgland SL. Consumption of palatable food primes food approach behavior by rapidly increasing synaptic density in the VTA. Proc Natl Acad Sci U S A. 2016 Feb 16. pii: 201515724.