Un médicament réduit les symptômes comportementaux de souris atteintes d’une forme d’autisme
Les personnes atteintes d’une forme héréditaire courante d’autisme pourraient bénéficier d’un médicament testé pour soigner le cancer, selon des chercheurs des universités d’Édimbourg et McGill.
Le syndrome du X fragile est la cause génétique la plus fréquente des troubles du spectre de l’autisme. Il touche environ un garçon sur 4 000 et une fille sur 6 000 et il n’existe aucun remède contre cette maladie.
Des scientifiques ont identifié une voie chimique qui fonctionne mal dans le cerveau des personnes atteintes du syndrome du X fragile. Ils montrent qu’un médicament testé contre le cancer pourrait aussi réduire les symptômes comportementaux de ces autistes. Les chercheurs ont découvert qu’un antifongique naturel, le cercosporamide, peut bloquer la voie chimique en question et améliorer la sociabilité de souris autistes.
L’équipe de chercheurs a identifié une molécule clé – appelée eIF4E – qui pousse le cerveau à produire trop de protéines chez les patients atteints du syndrome du X fragile. Cela peut provoquer des symptômes comportementaux, comme des difficultés d’apprentissage. Cette surproduction de protéines peut aussi causer des déficiences intellectuelles plus graves, des retards dans le développement de la parole et du langage ou des problèmes d’interactions sociales.
« Nous avons découvert que la molécule eIF4E régule la production d’une enzyme appelée MMP-9, qui dégrade et réorganise les synapses, qui sont des zones de contact entre les cellules du cerveau », explique Nahum Sonenberg, titulaire d’une chaire de recherche James McGill à la Faculté de médecine et au Centre de recherche sur le cancer Goodman, et coauteur de l’étude. « Une production excessive de MMP-9 perturbe la communication entre les cellules cérébrales, ce qui entraîne des modifications du comportement. »
Les chercheurs ont découvert que le traitement par le cercosporamide bloque l’activité de la molécule eIF4E, ce qui diminue la production de MMP-9 et réduit les symptômes comportementaux chez des souris atteintes d’une forme de syndrome du X fragile. Cette découverte suggère que ce médicament pourrait servir à traiter des patients atteints du syndrome du X fragile. Les résultats de cette étude seront publiés dans l’édition du 27 novembre 2014 de la revue spécialisée Cell Reports.
Une découverte qui ouvre la voie à des traitements ciblés
Selon Arkady Khoutorsky, chercheur postdoctoral à McGill et coauteur principal de l’étude, « le rôle de l’enzyme MMP-9 dans le syndrome du X fragile avait déjà été montré. La nouveauté de notre étude est de prouver qu’il existe des candidats médicaments pour maîtriser les symptômes de la maladie, en modifiant l’activité de la molécule eIF4E. »
« Notre découverte ouvre la voie à des traitements ciblés contre le syndrome du X fragile », affirme Christos Gkogkas, du Centre de recherche sur l’autisme, le syndrome du X fragile et les déficiences intellectuelles Patrick Wild de l’Université d’Édimbourg. « En mettant au point des traitements qui bloquent uniquement cette voie, nous espérons limiter les effets secondaires possibles et concevoir des agents médicinaux plus efficaces que les approches thérapeutiques générales. »
Cette étude a été financée par une subvention de fonctionnement des Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation Azrieli, la Fondation Neuro Canada et le Fonds de recherche du Québec ‒ Santé.
Source du texte et de l’image: McGill University
Article de recherche original: Pharmacogenetic Inhibition of eIF4E-Dependent Mmp9 mRNA Translation Reverses Fragile X Syndrome-like Phenotypes, by Christos G. Gkogkas, Arkady Khoutorsky, Jean-Claude Lacaille, Nahum Sonenberg – Cell Reports http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2211124714009334