5 février 2012 – Des chercheurs du Centre de recherche Université Laval-Robert-Giffard viennent d’élucider une autre question touchant la régénération des neurones du cerveau. Les travaux de Lusine Bozoyan, Jivan Khlghatyan et Armen Saghatelyan publiés le 1er février dans le Journal of Neuroscience démontrent le rôle joué par des cellules appelées astrocytes dans ce mécanisme. Cette découverte constitue un pas de plus vers la régénération ciblée de certaines zones du cerveau chez les victimes d’accidents vasculaires cérébraux ou de traumatismes crâniens ou chez les personnes atteintes de maladies neurodégénératives.
Contrairement à ce que l’on longtemps cru, le cerveau adulte possède une certaine capacité de régénération. En effet, des cellules souches du cerveau produisent des précurseurs neuronaux dans une zone située au centre du cerveau. Chez les souris, ces précurseurs doivent se rendre dans la région antérieure du cerveau, là où se produit leur différenciation, pour devenir des neurones fonctionnels capables de remplacer des cellules mortes ou endommagées. En 2009, Armen Saghatelyan et ses collaborateurs ont découvert que ces précurseurs trouvent leur chemin à travers un dédale de cellules en suivant des vaisseaux sanguins parallèles qui courent sur des distances relativement longues et qui synthétisent une protéine appelée BDNF. «C’est comme s’il existait une autoroute de BDNF que suivent les précurseurs pour se rendre à destination», explique le chercheur. Mais comment ces vaisseaux sanguins, qui font office de route de migration, sont-ils formés?
C’est à cette question que répondent le professeur Saghatelyan et ses collaborateurs dans leur dernier article. Chez les souris, cette autoroute vasculaire est formée dans les premières semaines de vie sous la gouverne d’astrocytes, des cellules en forme d’étoile, qui produisent un facteur de croissance (VEGF). «Les astrocytes interviennent à un moment précis du développement et dans une région précise du cerveau, souligne le chercheur. Ils orchestrent la formation et la croissance des vaisseaux sanguins parallèles le long desquels migrent les précurseurs neuronaux.»
Chez l’humain, l’existence d’une telle autoroute de migration fait l’objet de controverse. Néanmoins, le professeur Saghatelyan estime que la découverte réalisée par son équipe pourrait avoir des retombées médicales. «Après un accident vasculaire cérébral ou après une greffe de cellules souches, il arrive que les précurseurs neuronaux ne migrent pas vers les zones touchées. Nos travaux suggèrent une façon de procéder pour stimuler la migration des précurseurs neuronaux vers une région cible du cerveau et ainsi augmenter les chances de régénération neuronale.»
Source: Jean Hamann, Université Laval
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Cet article a fait l’objet d’un article de blogue du Guardian (inclus un vidéo de neurones en migration)