13 septembre 2011 – Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs recommande le dépistage de routine de la dépression, lors des visites en soins de santé primaires, lorsque des mécanismes sont en place pour assurer la coordination de l’évaluation et du traitement de la dépression. Un article signé par un groupe d’experts internationaux, publié dans le numéro de 19 septembre 2011 du Journal de l’Association médicale canadienne, soutient qu’il n’y a pas de preuves que le dépistage soit bon pour les patients et que, par ailleurs, la mise en œuvre de cette pratique alourdirait le fardeau d’un système de santé déjà éprouvé financièrement. Les auteurs ont exhorté le groupe d’étude à revoir sa position lorsqu’il réévaluera cette recommandation cette année.
« Le dépistage peut sembler une solution évidente à un problème sérieux, mais il n’y a pas de preuves que cela fonctionne et il y a plusieurs raisons de croire que cela peut ne pas fonctionner, même dans les meilleures conditions », a déclaré le principal auteur de l’article, le Dr Brett Thombs de l’Institut Lady Davis de l’Hôpital général juif et professeur agrégé en psychiatrie à l’Université McGill de Montréal. « Nous estimons que jusqu’à cinq patients sur six identifiés comme déprimés, lors d’un dépistage, ne seront probablement pas atteints de dépression. »
Les auteurs concluent qu’aucun essai clinique n’a démontré que les patients qui subissaient un test de dépistage de la dépression obtenaient de meilleurs résultats vis-à-vis leur santé mentale que les patients qui n’avaient pas subi de dépistage. Ils notent que le dépistage est seulement efficace s’il peut permettre d’identifier les patients déprimés qui n’ont pas déjà été dépistés et traités par leur médecin et s’il peut permettre de minimiser le nombre de personnes incorrectement étiquetées comme possiblement déprimées.
« Le nombre de prescriptions actuelles de médicaments antidépresseurs dépasse largement le nombre de patients atteints de dépression ce qui laisse peu de place à identifier d’autres personnes qui pourraient profiter du traitement », a ajouté Thombs. « Les antidépresseurs sont efficaces pour les personnes atteintes de dépression grave, mais ils ne fonctionnent pas bien avec les personnes présentant seulement des symptômes légers de dépression. »
En 2010, le National Institute of Clinical Excellence, au Royaume-Uni, notant l’absence de preuves relatives aux avantages du dépistage de la dépression pour les patients, n’a pas recommandé le dépistage routinier dans les milieux de soins de santé primaires. Il a plutôt suggéré que les médecins demeurent vigilants face aux symptômes de dépression et réagissent adéquatement lorsqu’ils ont des préoccupations particulières à cet effet.
« L’usage inapproprié du dépistage et un traitement inadéquat pour les personnes qui n’en ont pas besoin sont une mauvaise idée. Cela peut faire en sorte de gaspiller des ressources essentielles au traitement des personnes gravement malades et qui devraient vraiment recevoir des soins », a déclaré John Ioannidis, directeur du Stanford Prevention Research Center, qui est coauteur de cet article.
Les Instituts de recherche en santé du Canada ont fourni le financement qui a soutenu les travaux relatifs à cet article. En plus de Thombs, les membre du groupe d’experts qui ont contribué à la revue des écrits comprenaient : James C. Coyne, Ph. D., de l’Université de Pennsylvanie, aux États-Unis, et de l’Université de Groningen, aux Pays-Bas; Pim Cuijpers, Ph. D., de l’Université VU, à Amsterdam, aux Pays-Bas; Peter de Jonge, Ph. D., de l’Université de Groningen, aux Pays-Bas; Simon Gilbody, D. phil., FRCP (psych.), de l’Université de York, au Royaume-Uni; John P. A. Ioannidis, M.D., D. Sc., de l’Université de Stanford, aux États-Unis; Blair T. Johnson, Ph. D., de l’Université du Connecticut, aux États-Unis; Scott B. Patten, M.D., Ph. D., de l’Université de Calgary; Erick H. Turner, M.D., de l’Université des sciences de la santé de l’Oregon et du Portland Veterans Affairs Medical Center, aux États-Unis et Roy C. Ziegelstein, M.D., de l’Université Johns Hopkins, aux États-Unis.
SOURCE:
Tod Hoffman
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