Une nouvelle étude de l’Université Western montre que les parties de notre cerveau qui encodent notre sens du toucher sont activées quand on regarde quelqu’un d’autre apprendre une habileté manuelle.
Les conclusions de Heather McGregor et de Paul Gribble du Western Brain and Mind Institute ont été publiés dans la prestigieuse revue Current Biology.
Des études précédentes en neuroscience cognitive avaient montré que l’observation des actions des autres activait un grand nombre des mêmes zones du cerveau qui sont impliquées dans la production du mouvement, mais jusqu’à cette nouvelle découverte, les chercheurs comme McGregor et Gribble ne savaient pas comment ce lien entre l’observation et l’action pouvait réellement faciliter l’apprentissage.
«Dans nos expériences, nous avons montré que l’apprentissage, par l’observation d’une autre personne, d’une nouvelle compétence motrice nécessite une neuroplasticité dans le cortex somatosensoriel, qui est la partie du cerveau impliquée dans le sens du toucher», dit McGregor, une étudiante diplômée dans le labo de Paul Gribble, et première auteure de l’étude.
Dans une expérience, les neuroscientifiques ont utilisé la stimulation électrique des nerfs du bras d’un participant afin de perturber le traitement neuronal dans le cortex somatosensoriel, pendant que le participant observait une vidéo d’une personne qui apprenait une nouvelle habileté motrice.
McGregor et Gribble ont constaté que lorsque la stimulation avait été appliquée sur les nerfs sensoriels du bras droit, qui était le même bras utilisé par le tuteur dans la vidéo, les avantages de l’observation ont été perturbées. Les participants ont eu des résultats moins bons lorsqu’on a testé leur acquisition de la nouvelle habileté motrice, comparé aux témoins qui n’avait pas reçu de stimulation électrique du nerf. Lorsque la stimulation était appliquée au bras gauche, aucune interférence avec l’apprentissage n’était observée. Ceci suggère que l’apprentissage par observation dépend de l’activité dans la partie du cortex somatosensoriel qui traite l’information provenant du bras spécifique qui a été utilisé.
Dans une seconde expérience, l’équipe a utilisé la technologie de l’électroencéphalogramme (EEG) pour mesurer l’activité dans le cortex somatosensoriel produite par la stimulation des nerfs sensoriels du bras, avant et après avoir observé quelqu’un d’autre apprendre une nouvelle habileté motrice. McGregor et Gribble ont constaté que l’activité dans le cortex somatosensoriel était augmentée après avoir observé quelqu’un d’autre apprendre une nouvelle habileté motrice. En fait, plus le changement d’activité était grand, mieux l’observateur avait appris l’habileté motrice par observation.
« Ces expériences augmentent notre compréhension du rôle de l’information visuelle au sujet des actions des autres dans la facilitation de l’apprentissage de compétences motrices. Elles suggèrent également que le cortex somatosensoriel joue un rôle essentiel pour cartographier l’information visuelle au sujet des mouvements d’un tuteur afin de l’incorporer au système de moteur de l’observateur pour l’apprentissage, » dit Gribble, professeur au Département de psychologie de Western University et auteur senior de l’étude.
Source du texte: Western University
Article de recherche original:
McGregor HR, Cashaback JG, Gribble PL. Functional Plasticity in Somatosensory Cortex Supports Motor Learning by Observing. Curr Biol. 2016 Apr 4;26(7):921-7. doi: 10.1016/j.cub.2016.01.064. Epub 2016 Mar 10.