Les scientifiques ont longtemps supposé que notre compréhension globale du monde était basée sur l’accumulation d’expériences, plutôt que sur des souvenirs distincts et individuels. Dans une nouvelle étude menée au Hospital for Sick Children de Toronto (SickKids) des neuroscientifiques ont démontré pour la première fois que des souvenirs de longue date sont amalgamées ensemble par le cerveau, selon leurs points communs, pour former des patrons ou catégories.
Cette étude a été publiée dans l’édition en ligne du 1er juin de Nature Neuroscience.
« Nos résultats permettent de mieux comprendre comment nous développons une perspective globale du monde plutôt qu’une compréhension qui serait basée sur les spécificités d’expériences individuelles», explique Blake Richards, auteur principal de l’étude, ancien boursier postdoctoral en à SickKids, et maintenant professeur adjoint à l’Université de Toronto. «Essentiellement, nous avons découvert comment un ensemble de souvenirs change avec le temps, et comment le cerveau les assemble en un souvenir général. »
L’étude a mesuré comment des souris se souvenaient d’expériences spécifiques par rapport à une série de plusieurs expériences, en utilisant une expérience de labyrinthe d’eau. Les souris ont été entraînées à trouver une plate-forme dans un bassin d’eau. L’emplacement de la plate-forme changeait tous les jours, mais certains éléments ou patrons communs menaient à chaque emplacement. Les chercheurs ont constaté qu’après un repos de 30 jours les souris trouvaient plus facilement le patron, alors qu’après un seul jour, elles cherchaient simplement au dernier emplacement de la plate-forme. Richards explique que cela montre que le cerveau peut combiner plusieurs souvenirs avec le temps, même en état de repos, pour développer une perspective plus globale.
Richards a utilisé le concept de la fête d’anniversaire pour expliquer comment les modèles de mémoire contribuent à former notre connaissance du monde. «En tant qu’enfant, vous êtes sûrement allés à de nombreuses fêtes d’anniversaire. A chaque fête, il y avait des gens différents, elles avaient lieu à différents moments de l’année et différentes activités étaient proposées. Bien que nous puissions oublier les détails spécifiques de ces lointains souvenirs, les éléments communs qui ont eu lieu à chaque fête, comme les cadeaux, le gâteau et les bougies restent. Ces éléments communs forment le concept global d’une fête d’anniversaire dans notre esprit».
L’équipe de recherche a aussi fait une deuxième expérience pour examiner comment la capacité du cerveau à combiner les souvenirs affecte la capacité à apprendre de nouvelles informations. «Nous avons constaté que lorsque de nouvelles informations étaient introduites, qui ne cadraient pas avec les vieux souvenirs, elles étaient en fait mieux apprises», dit Richards. «Nous pouvons théoriser que nous apprenons mieux quand l’information nous surprend, que lorsqu’elle se conforme à nos attentes et à ce que nous avons peut-être déjà appris. »
Ensemble, ces expériences mettent en lumière comment les souvenirs évoluent au fil du temps et aident à expliquer comment le cerveau apprend et développe une répercussions sur la façon dont le cerveau génère des connaissances et une vision d’ensemble du monde.
Cette étude a été soutenue par des subventions des Instituts de recherche du Canada, une bourse post-doctorale Banting du Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada, et la fondation SickKids.
Source du texte: SickKids Hospital – University of Toronto
Traduction: CAN-ACN
Article de recherche original:
Richards BA, Xia F, Santoro A, Husse J, Woodin MA, Josselyn SA, Frankland PW. Patterns across multiple memories are identified over time. Nat Neurosci. 2014 Jun 1. doi: 10.1038/nn.3736.