Des chercheurs du Hotchkiss Brain Institute (HBI) de la Faculté de médecine de l’Université de Calgary ont découvert un mécanisme par lequel le stress augmente la pulsion alimentaire chez le rat. Cette découverte excitante, publiée dans la revue Neuron, pourrait aider à expliquer pourquoi le stress est considéré comme un facteur contribuant à l’obésité.
Normalement, le cerveau produit des neurotransmetteurs (substances chimiques responsables de la communication cellulaire dans le cerveau) appelés les endocannabinoïdes qui envoient des signaux pour contrôler l’appétit. Dans cette étude, les chercheurs ont constaté qu’en absence de nourriture, une réponse de stress se produit qui provoque un re-câblage fonctionnel et temporaire du cerveau. Ce re-câblage peut nuire à la capacité des endocannabinoïdes de réguler la prise alimentaire et pourrait contribuer à une pulsion alimentaire renforcée.
Les chercheurs ont également découvert que lorsqu’ils bloquaient les effets des hormones de stress dans le cerveau, l’absence de nourriture ne causait pas de changement dans les circuits neuronaux.
Les chercheurs Jaideep Bains, Ph.D. et Quentin Pittman, Ph.D., ont étudié particulièrement les cellules nerveuses (neurones) dans la région du cerveau appelée l’hypothalamus. Cette structure a un rôle important pour le contrôle de l’appétit et du métabolisme, mais est aussi reconnue comme étant la région la plus importante pour la réponse du cerveau au stress.
Bains explique: «Ces résultats expliqueraient comment la communication cellulaire dans notre cerveau pourrait être détournée en absence de nourriture. Fait intéressant, ces changements ne sont pas nécessairement dus au manque de nutriments, mais plutôt au stress induit par le manque de nourriture. »
Si des changements similaires se produisent dans le cerveau humain, ces résultats pourraient avoir plusieurs implications pour la santé humaine.
«Par exemple, si nous décidons de sauter un repas, le cerveau semble simplement augmenter les signaux dans les voies menant à un appétit accru,» explique Pittman. «De plus, le fait que le manque de nourriture entraîne l’activation de la réponse de stress pourrait expliquer la relation entre le stress et l’obésité. »
Ces résultats serviront de base à des études qui tenteront de développer des thérapies qui influenceront ces systèmes afin de manipuler la prise alimentaire. Ils ouvrent également la porte à des études qui pourraient établir si le stress provoqué par le manque de nourriture affecte aussi d’autres systèmes dans lesquels les endocannabinoïdes sont impliqués.
«Une chose que nous pouvons certainement affirmer, c’est que cette recherche met en évidence l’importance de la disponibilité de la nourriture pour notre système nerveux. L’absence de nourriture entraine des changements dramatiques dans la communication entre les neurones », explique Pittman.
Ce travail a été mené conjointement dans les laboratoires de Bains et Pittman et les expériences ont été réalisées par Karen Crosby et Wataru Inoue, Ph.D. Le travail est soutenu par des subventions de fonctionnement des Instituts de Recherche en Santé du Canada (IRSC) et du fonds Alberta Innovates – Health Solutions (AI-HS).
Source du texte et de l’image: Hotchkiss Brain Institute (HBI) de la faculté de médecine de l’Université de Calgary
Traduction : Association Canadienne des Neurosciences (J. Poupart)
Sur la photo: Quentin Pittman, Ph.D. et Jaideep Bains, Ph.D.