L’attirance des mouches à fruits pour le sucre n’est que de courte durée selon une recherche de UBC

Dr. Michael Gordon
Dr. Michael Gordon

L’humble drosophile (mouche à fruits) pourrait avoir une leçon à nous apprendre pour nous amener à renoncer aux calories vides et à leur préférer des aliments plus nutritifs, surtout quand on a faim.

Bien que les mouches préfèrent initialement la nourriture sucrée, elles apprennent rapidement à préférer des sources alimentaires moins sucrées qui offrent plus de calories et une valeur nutritionnelle meilleure, selon une nouvelle étude faite par des zoologistes de l’Université de la Colombie-Britannique (University of British Columbia – UBC).

Ces résultats, publiés dans le Journal of Neuroscience, sont les premiers à mesurer le changement dans les préférences alimentaires au fil du temps, et les premiers à montrer que les mouches optent plus rapidement pour des aliments plus nutritifs quand elles ont faim.

«Le système gustatif est important pour prendre des décisions rapides – souvent de vie ou de mort – sur ce qu’il faut manger», explique Michael Gordon, neurobiologiste à UBC et auteur principal de l’article. «En général, le goût sucré indique initialement une bonne source d’hydrates de carbone, mais les préférences alimentaires à long terme intègrent les expériences passées et l’apprentissage. Il semble que le contenu nutritionnel en soit une partie importante. «

«D’un point de vue comportemental, il semble que les mammifères et les mouches peuvent montrer des réponses similaires à la détection de calories», ajoute Gordon, professeur adjoint au Département de zoologie. «Mais nous commençons à peine à comprendre les mécanismes qui permettent aux uns et aux autres de déterminer la valeur calorique des aliments, indépendamment de leur goût, après les avoir mangé.»»

Les chercheurs ont laissé des drosophiles (Drosophila melanogaster) choisir entre différentes sources de sucre liquide qui variaient dans leurs rapport calorie/goût sucré. Dans certains cas, des populations de mouches ont mis aussi peu que quatre heures pour détecter et préférer les sources plus nutritives, qui étaient généralement à base de sucres tels que le saccharose, le maltose et le D-glucose.

Les chercheurs ont également identifié, dans une souche de mouches, plusieurs voies moléculaires qui semblent influer sur le goût et les préférences alimentaires. Ils ont de plus découvert que le blocage du signal de l’insuline entraîne une préférence accrue pour les sucres plus nutritifs.

CONTEXTE

Les drosophiles optent pour la nutrition
Méthode de recherche

En plus d’observer les préférences alimentaires, l’équipe de chercheurs de UBC a également utilisé des souches mutantes de drosophiles pour isoler plusieurs voies moléculaires qui semblent influer sur le goût et la préférence alimentaire. Ils ont constaté que l’élaboration d’une préférence pour les sucres caloriques dépend de la voie de l’AMPc, qui joue un large éventail de rôles dans le système nerveux, mais qui est surtout connu pour affecter l’apprentissage et la mémoire.

Les chercheurs ont également constaté que le fait de bloquer la signalisation de l’insuline dans une souche de mouches a augmenté leur préférence pour les sucres nutritifs. L’insuline a des fonctions métaboliques importantes chez les drosophiles et les mammifères et est régulée par l’alimentation. La régulation du comportement alimentaire par la signalisation de l’insuline a également été démontrée chez les mammifères.

Partenaire de financement

Cette recherche a été financée par les Instituts de Recherche en Santé du Canada et par le Conseil de Recherche en Sciences Naturelles et en Génie du Canada.

Source du texte et de l’image : UBC Public Affairs,University of British Columbia

Article scientifique original dans Journal of Neuroscience