Bienfait d’un médicament anticholestérol dans une étude animale de la maladie d’Alzheimer

Dr. Edith Hamel

5 avril 2012 – Amélioration de la fonction des vaisseaux sanguins après le traitement médicamenteux

Un médicament anticholestérol couramment prescrit pour réduire le risque de maladie cardiovasculaire rétablit la fonction des vaisseaux sanguins dans un modèle souris de la maladie d’Alzheimer, selon les résultats d’une étude publiée dans l’édition du 4 avril de The Journal of Neuroscience. La simvastatine (Zocor®) — utilisée pour ralentir la production de cholestérol — améliore aussi l’apprentissage et la mémoire chez des modèles souris adultes mais non âgés de la maladie d’Alzheimer. Les résultats s’ajoutent à une somme grandissante de données montrant que le traitement précoce avec des statines protège contre certains symptômes de la maladie d’Alzheimer.

La maladie d’Alzheimer détruit des cellules nerveuses et altère la fonction des vaisseaux sanguins dans le cerveau. De récentes études montrent que l’incidence de la maladie d’Alzheimer a diminué chez les personnes ayant commencé à prendre des statines à l’âge adulte, tandis que celles qui ont commencé à en prendre à un âge plus avancé n’éprouvent pas ce bienfait. Si ces études semblent indiquer les bienfaits des statines en rapport avec l’âge, des scientifiques continuent d’explorer comment le traitement avec ce groupe de médicamentsaffecte la fonction du cerveau dans la maladie d’Alzheimer.

Lors d’une étude précédente, Édith Hamel, Ph. D., et des collègues de  l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro de l’Université McGill ont testé des modèles souris de la maladie d’Alzheimer (âgés de douze mois) qui ont reçu une petite dose de simvastatine pour huit semaines. Le médicament a amélioré la fonction des vaisseaux sanguins, mais n’a pas renforcé la mémoire de ces souris.

Dans la nouvelle étude, le groupe de la professeure Hamel au Neuro a testé des souris plus jeunes (âgées de six mois) et des souris plus vieilles (âgées de douze mois) qui ont reçu une dose plus grande de simvastatine pendant une période de trois à six mois. Si la simvastatine a rétabli la fonction des vaisseaux sanguins du cerveau chez les deux groupes, seules les souris les plus jeunes ont démontré une amélioration de l’apprentissage et de la mémoire lors de tests. Les jeunes souris avaient aussi des niveaux plus élevés de deux protéines liées à la mémoire dans l’hippocampe — une région du cerveau qui intervient dans l’apprentissage et la mémoire — par comparaison à des souris non traitées.

« L’étude montre que la simvastatine protège les cellules nerveuses qui jouent un rôle dans la mémoire de certains effets néfastes de la maladie d’Alzheimer, si elle est administrée tôt dans le processus de la maladie », précise la professeure Hamel, auteure principale de l’étude.

Chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, des fragments de la protéine bêta-amyloïde forment des plaques entre les cellules nerveuses qui interrompent la communication cellulaire. Généralement, ces fragments se défont et sont éliminés. Dans la maladie d’Alzheimer, les fragments de la protéine s’agglomèrent — un phénomène qui a été associé à la perte de mémoire. L’équipe de la professeure Hamel a mesuré la présence de la protéine bêta-amyloïde chez les modèles souris plus jeunes et plus âgés de la maladie d’Alzheimer qui ont reçu de la simvastatine. Malgré l’amélioration de l’apprentissage et de la mémoire chez les souris plus jeunes, le médicament n’a pas réduit le niveau de protéine bêta-amyloïde dans aucun des groupes.  

« Cet article s’ajoute à un nombre croissant d’études précliniques montrant que les statines, en particulier la simvastatine, qui pénètre aisément le cerveau, peuvent neutraliser des aspects de la maladie d’Alzheimer, quoiqu’on n’observe aucun effet sur la protéine bêta-amyloïde », de dire Ling Li, Ph. D., spécialiste de la maladie d’Alzheimer de l’Université du Minnesota. « S’il reste à prouver les bienfaits des statines pour la maladie d’Alzheimer par plusieurs essais cliniques, il faut aussi trouver comment traduire ces résultats intéressants en applications concrètes pour les patients », a-t-elle ajouté.

La recherche a été soutenue par les Instituts de recherche en santé du Canada.

SOURCE : Society for Neuroscience (traduction McGill University)

The Journal of Neuroscience est publié par la Society for Neuroscience, une organisation comptant plus de 40 000 cliniciens et spécialistes des sciences fondamentales qui étudient le cerveau et le système nerveux. On peut joindre Édith Hamel à edith.hamel@mcgill.ca. On trouve plus d’information sur la maladie d’Alzheimer dans les publications de la Society, Brain Briefings et Brain Research Success Stories.

L’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro, est un centre médical universitaire spécialisé en neurosciences. Fondé en 1934 par l’éminent Dr Wilder Penfield, le Neuro a acquis une renommée internationale pour son intégration de la recherche, de ses soins exceptionnels aux patients et de sa formation spécialisée, essentiels à l’avancement de la science et de la médecine. À la fois institut de recherche et d’enseignement de l’Université McGill, le Neuro constitue l’assise de la mission en neurosciences du Centre universitaire de santé McGill.  Les chercheurs du Neuro sont reconnus mondialement pour leur expertise en neurosciences cellulaire et moléculaire, en imagerie cérébrale, en neurosciences cognitives, ainsi que dans l’étude et le traitement de l’épilepsie, de la sclérose en plaques et de troubles neuromusculaires. L’Institut neurologique de Montréal a été désigné un des sept Centres d’excellence par le gouvernement canadien dans son budget 2007, ce qui lui donnait un financement de 15 millions de dollars pour soutenir ses activités de recherche et de commercialisation se rapportant à la maladie neurologique et aux neurosciences.