Selon une nouvelle étude, on peut observer dès six mois des différences importantes dans le développement cérébral de nourrissons qui présentent un risque élevé d’autisme et qui en seront atteints. Les constatations publiées dans l’American Journal of Psychiatry révèlent que le développement cérébral anormal est décelable avant l’apparition de symptômes d’autisme durant la première année d’un nourrisson. En général, l’autisme est diagnostiqué vers l’âge de deux ou trois ans.
L’étude permettra de poser un diagnostic précoce, ce qui est déterminant, car intervenir rapidement permet d’atténuer les problèmes de communication, d’interaction sociale et de comportement des autistes. « Voici, pour la première fois, un résultat qui rend possible la détermination de biomarqueurs de risque de l’autisme avant l’apparition de symptômes et avant notre capacité à diagnostiquer l’autisme », a indiqué Alan Evans, cochercheur et professeur à l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal – le Neuro de l’Université McGill, qui est le centre de coordination des données de l’étude.
« Au cours de la première enfance, le cerveau s’organise et les connexions s’établissent rapidement », indique le Pr Evans. « Notre équipe internationale de chercheurs a pu détecter, dès l’âge de six mois, des différences dans le câblage du cerveau chez des enfants plus tard atteints d’autisme. La différence entre des nourrissons présentant un risque élevé qui sont ensuite devenus autistes et d’autres qui ne le sont pas devenus résidait dans l’organisation de la substance blanche – ces faisceaux de fibres qui relient des régions du cerveau. » L’étude a suivi 92 nourrissons de six mois à deux ans. Ayant tous une sœur ou un frère aîné atteint d’autisme, ils présentaient donc un risque élevé de ce trouble du développement. Chaque nourrisson a passé un type spécial d’examen par IRM, l’imagerie par tenseur de diffusion, à six mois et une évaluation comportementale à 24 mois. La plupart ont aussi passé des examens additionnels de neuro-imagerie à 12 ou 24 mois ou à ces deux âges.
À 24 mois, 30 % des nourrissons participant à l’étude ont reçu un diagnostic d’autisme. L’organisation de la substance blanche dans 12 des 15 tractus examinés différait considérablement chez les nourrissons devenus autistes et ceux qui ne le sont pas devenus. Les chercheurs ont évalué l’anisotropie fractionnelle (AF), une mesure de l’organisation de la substance blanche en fonction du mouvement de l’eau à travers les tissus. Les différences dans les valeurs d’AF étaient plus grandes à six mois et à 24 mois. Au début de l’étude, les nourrissons devenus autistes présentaient des valeurs élevées d’AF le long de ces tractus, lesquelles ont diminué avec le temps, de telle sorte qu’à 24 mois les nourrissons autistes présentaient des valeurs d’AF moins élevées que les nourrissons sans autisme.
L’étude caractérise les changements dynamiques du cerveau et du comportement liés à l’âge qui sont typiques de l’autisme – ce qui est essentiel pour mettre au point des ressources d’aide à l’intention d’enfants autistes et de leurs proches. Voilà la constatation la plus récente de l’étude Infant Brain Imaging Study (IBIS), qui est subventionnée par les National Institutes of Health (NIH) et qui met à profit l’expertise de chercheurs d’instituts des quatre coins de l’Amérique du Nord. Bien que l’étude IBIS soit menée à l’Université de la Caroline du Nord, le Neuro est le centre de coordination où toutes les données de l’étude sont centralisées.
Le réseau IBIS est soutenu par les NIH, Autism Speaks et la Fondation Simons.