Prix Marlene Reimer Cerveau en tête de l’année 2019: Dr Silvia Pozzi

Dr Silvia Pozzi – Centre de recherche CERVO, Université Laval

Publication scientifique:
Pozzi S, Thammisetty SS, Codron P, Rahimian R, Plourde KV, Soucy G, Bareil C, Phaneuf D, Kriz J, Gravel C, Julien JP. Virus-mediated delivery of antibody targeting TAR DNA-binding protein-43 mitigates associated neuropathology. J Clin Invest. 2019 Feb 25;129(4):1581-1595. doi: 10.1172/JCI123931. eCollection 2019 Feb 25. (Accès libre)
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6436898/

Financement:
Ce travail a été financé par l’Institut de recherche en santé du Canada et le Centre Packard pour la Recherche sur la SLA chez l’université Johns Hopkins.

Dr Silvia Pozzi vit et travaille dans la ville de Québec.

Développement d’une nouvelle approche thérapeutique pour traiter la SLA (maladie de Lou Gehrig)

La sclérose latérale amyotrophique (SLA) est une maladie neurodégénérative mortelle caractérisée par la perte de motoneurones. La maladie entraîne progressivement des paralysies – avec le temps, à mesure que les motoneurones meurent, les patients perdent la capacité de marcher, de parler, de manger, d’avaler et, finalement, de respirer. Pour 80 % des patients, le décès survient dans les 2 à 5 ans suivant le diagnostic. Il n’existe aucun remède à la SLA et peu d’options de traitement.

Dans plus de 90 % des cas de SLA, un phénomène appelé protéinopathie TDP-43 se produit. Celle-ci se caractérise par l’accumulation d’une protéine appelée TDP-43 dans les cellules, ce qui entraîne une réaction inflammatoire et toxique provoquant un dommage aux neurones.

Une publication importante de la chercheuse post-doctorale Silvia Pozzi, travaillant dans le laboratoire du Dr Jean-Pierre Julien au Centre de recherche CERVO, montre que la protéinopathie TDP-43 peut être évitée grâce à des anticorps conçus sur mesure. Plus important encore, le groupe a montré que cet anticorps pouvait réduire la pathologie du TDP-43 et améliorer les déficits moteurs et cognitifs dans les modèles murins de la maladie de la SLA.

Pour ce faire, l’équipe de chercheurs a généré de nouveaux anticorps spécifiquement dirigés contre une région de TDP-43 impliquée à la fois dans l’agrégation des protéines et dans l’activation des réactions inflammatoires et toxiques.

Deux et quatre mois après le traitement avec l’anticorps dans le cerveau des souris, les animaux ont obtenu des résultats nettement meilleurs au test de reconnaissance d’objets pour les tâches de mémoire et ont montré moins d’anxiété que ceux traités avec un anticorps control ou avec une solution saline. De plus, les souris traitées avec l’anticorps au niveau de la moelle épinière ont montré une force musculaire améliorée.

Les types d’anticorps développés et utilisés dans cette étude, appelés anticorps à chaîne unique, constituent un nouvel outil en nanomédecine. Cette étude démontre pour la première fois qu’un anticorps à chaîne unique contre une portion spécifique de TDP-43 est une approche thérapeutique efficace pour cibler la protéinopathie TDP-43 et améliorer les déficits cognitifs et moteurs dans des modèles de souris transgéniques de la SLA.

Cette étude offre un nouvel espoir aux patients atteints de SLA, en montrant que l’immunothérapie contre TDP-43 est une nouvelle voie thérapeutique prometteuse.
La protéinopathie TDP-43 est également observée dans 50 % des cas de démence frontotemporale et également dans d’autres maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer, de Parkinson et d’Huntington, ce qui suggère que cette découverte pourrait avoir un impact important aussi dans ces maladies.

Dr. Silvia Pozzi

Ces travaux ont été réalisés par la Dre Silvia Pozzi alors qu’elle était boursière post-doctorale dans le laboratoire du Dr Jean-Pierre Julien au Centre de recherche CERVO, affilié à l’Université Laval à Québec. Pendant sa période postdoctorale, la Dre Pozzi a combiné sa formation théorique et technique sur la SLA, obtenues au cours de son doctorat, à de nouvelles approches et techniques afin de s’attaquer au problème scientifique et de trouver la meilleure stratégie expérimentale pour prouver ses hypothèses, comprendre les mécanismes d’action et publier dans une revue de haut niveau.

La Dre Pozzi souhaite maintenant orienter sa carrière dans les institutions universitaires canadiennes en poursuivant ses intérêts dans les approches thérapeutiques pour les conditions neurodégénératives.