De la modération en tout : un élagage excessif des cellules nerveuses cause la maladie

Dr. Phillip Barker
Dr. Phillip Barker

Des chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal, le Neuro de l’Université McGill, ont fait une découverte cruciale concernant un processus cellulaire du développement normal du cerveau qui pourrait jouer un rôle important dans les maladies neurodégénératives, telles que  la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, la SLA et d’autres maladies neurodégénératives qui affectent des millions de gens dans le monde entier. Les conclusions de l’étude, publiées dans la prestigieuse revue scientifique Cell Reports, font ressortir de nouvelles voies et cibles pour traiter ces maladies.

La recherche sur la maladie neurodégénérative porte en général sur la mort du corps cellulaire de neurones. Or, il est maintenant certain que dans la plupart des cas la mort du corps cellulaire de neurones constitue l’événement final d’un processus pathogénique de longue durée. Selon des études, protéger les corps cellulaires de la mort n’a aucune incidence sur la progression de la maladie, tandis que bloquer la dégradation axonale qui précède a un avantage considérable.  La nouvelle étude des chercheurs du Neuro privilégie plutôt la perte ou dégénérescence des axones, ces « branches » des cellules nerveuses qui reçoivent et distribuent des signaux neurochimiques entre les neurones.

Au début du développement, les axones sont élagués pour assurer la croissance normale du système nerveux. Selon de nouvelles données, ce processus d’élagage est réactivé dans la maladie neurodégénérative, ce qui cause la perte aberrante d’axones et de dendrites. L’élagage axonal dans le développement est grandement affecté par des protéines appelées les caspases. « L’idée que les caspases interviennent dans la dégénérescence axonale durant le développement est très récente », a indiqué le professeur Philip Barker, chercheur principal au Neuro et auteur principal de l’étude.

Le professeur Barker et ses collègues montrent que l’activité de certaines caspases « effectrices » (caspase 3 et caspase 9) provoque la dégénérescence axonale et que leur action est neutralisée par la protéine XIAP (protéine inhibitrice de l’apoptose liée au chromosome X). « Nous avons constaté que les caspases 3 et 9 jouent un rôle crucial dans la dégénérescence axonale et que leurs activités sont régulées par la XIAP. Cette dernière freine l’activité de caspases et doit être supprimée pour que la dégénérescence se produise », a ajouté le Pr Barker. 

C’est grâce à cet équilibre entre les caspases et la XIAP que les caspases ne causent pas de destruction inutile ou excessive. Or, cet équilibre peut changer durant la maladie neurodégénérative. « Si nous arrivons à comprendre les voies qui régulent les niveaux de la XIAP, nous pourrions développer des traitements qui réduisent la dégénérescence reliée aux caspases durant la maladie neurodégénérative. »

Source du texte: Montreal Neurological Institute (the neuro)

Article de recherche original:
Unsain N, Higgins JM, Parker KN, Johnstone AD, Barker PA. XIAP regulates caspase activity in degenerating axons. Cell Rep. 2013 Aug 29;4(4):751-63. doi:10.1016/j.celrep.2013.07.015. Epub 2013 Aug 15. PubMed PMID: 23954782.