La science de la satiété: quand la pornographie alimentaire ne suscite plus le désir

Stephanie Borgland
Dr. Stephanie Borgland

Une nouvelle étude de l’Université de la Colombie-Britannique explique pourquoi des photos de nourriture alléchantes nous affectent moins lorsque nous sommes repus.

«Nous savons que l’insuline joue un rôle en nous disant que nous sommes rassasiés après avoir mangé, mais le mécanisme par lequel cela se produit est mal compris», explique Stephanie Borgland, professeure adjointe au Département d’anesthésiologie, pharmacologie et de thérapeutique de l’UBC et auteure principale de l’étude.

Dans la nouvelle étude, publiée en ligne cette semaine dans la revue Nature Neuroscience, Borgland et ses collègues ont constaté que l’insuline – induite par un repas sucré, riche en matières grasses – affecte l’aire tegmentale ventrale («ventral tegumental area» – VTA) du cerveau, qui est responsable des comportements de recherche de récompense. Lorsque l’insuline a été appliquée au VTA de souris, celles-ci n’étaient plus attirées vers des environnements où la nourriture avait été offerte.

«L’insuline émousse les synapses dans cette région du cerveau et diminue notre intérêt pour la recherche de nourriture, explique Borgland, ce qui nous amène à accorder moins d’attention aux indices liés à la nourriture.»

«Il y a eu beaucoup de discussions autour des facteurs environnementaux liés à l’épidémie d’obésité», ajoute Borgland, citant les lois bannissant la publicité pour la malbouffe au Québec, en Norvège, au Royaume-Uni, en Grèce et en Suède. «Cette étude aide à expliquer pourquoi des images ou autres indices de nourriture nous affectent moins quand nous sommes rassasiés, et peut nous aider à définir des stratégies visant à réduire les déclencheurs environnementaux de la suralimentation»

Le VTA a aussi été associé à des comportements de dépendance, y compris l’usage de drogues illicites. Borgland explique qu’une meilleure compréhension des mécanismes de cette région du cerveau pourrait, à long terme, informer le diagnostic et le traitement.

Source du texte et de l’image: University of British Columbia

Traduction: CAN-ACN
Référence:
Labouèbe G, Liu S, Dias C, Zou H, Wong JC, Karunakaran S, Clee SM, Phillips AG, Boutrel B, Borgland SL.
Insulin induces long-term depression of ventral tegmental area dopamine neurons via endocannabinoids.
Nat Neurosci. 2013 Jan 27. doi: 10.1038/nn.3321