La consommation de cocaïne au cours de l’adolescence affecte la forme et la taille des régions du cerveau impliquées dans la recherche de drogues

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Les adolescents qui consomment de la cocaïne risquent de changer la partie du cerveau impliquée dans la récompense et l’apprentissage, selon une étude publiée dans le Journal of Neuroscience du 30 janvier.

Des chercheurs de l’ « Hospital for Sick Children (SickKids) » ont analysé les effets de l’exposition chronique à la cocaïne sur le cerveau de souris. «Nous avons noté des interactions significatives entre l’âge de l’exposition et la drogue dans plusieurs régions du cerveau qui sont les plus impliqués dans la toxicomanie», explique le Dr Paul Frankland, chercheur principal de l’étude et chercheur au Département de la santé mentale et neurosciences à SickKids.

Des études antérieures utilisant l’IRM (imagerie par résonance magnétique) chez l’homme ont montré que la consommation de cocaïne était associée à des anomalies de la structure du cerveau, mais jusqu’à présent il n’a pas été possible de déterminer si ces changements sont causés par la drogue. «Nos résultats répondent à la sempiternelle question : Est-ce l’organisation différente du cerveau de certains jeunes qui les rendent plus susceptibles à la prise de cocaïne, ou est-ce la cocaïne qui modifie la structure du cerveau des jeunes qui en consomment? Nous nous approchons maintenant d’une réponse définitive. »

« Il est particulièrement important de comprendre les effets de la consommation de drogues sur le cerveau à l’adolescence puisque c’est généralement à ce moment que l’usage de drogues récréatives commence », ajoute-t-il.

Les régions du cerveau qui régissent la recherche de drogues

L’étude montre que l’utilisation chronique de cocaïne chez les souris adolescentes a modifié la taille et la forme des régions qui sont des domaines-clés pour l’apprentissage et la mémoire. «Ce sont les régions dont nous connaissons déjà l’implication dans la toxicomanie, qui régissent le contrôle des impulsions et comportement de recherche de drogue», explique le Dr Anne Wheeler, première auteure de l’étude.

L’équipe de recherche a utilisé l’IRM pour mesurer les structures cérébrales des souris jeunes adultes et adolescentes, et ont comparé le cerveau des animaux exposés à la cocaïne à ceux d’animaux témoins n’ayant reçu qu’une solution saline. Les deux groupes de souris ont passé 30 jours d’abstinence avant l’analyse de la forme, du volume et de l’épaisseur des différentes régions de leur cerveau. «L’IRM nous a donné la précision nécessaire pour distinguer les changements à travers diverses régions du cerveau, dans les comparaisons de cerveaux de souris affectés par la drogue et de cerveaux normaux», explique le Dr Wheeler.

Les zones du cerveau qui sont touchées comprennent le noyau accumbens, le striatum, le cortex insulaire, le cortex orbitofrontal, le pallidum ventral, la substance noire, et le faisceau médial du télencéphale. «Quand on voit que le tissu cérébral de ces régions est déformé, ou trop petit ou trop gros, on a une meilleure idée des raisons pour lesquelles la consommation de drogues est associée à une perte de contrôle du comportement volontaire», dit-elle. Les mêmes effets ne sont pas observés suite à l’exposition des jeunes adultes.

Le Dr Wheeler a mené ces recherches alors qu’elle était à l’hôpital «SickKids», elle est maintenant au Centre for Addiction and Mental Health (CAMH).

La consommation de cocaïne chez les souris adolescentes et jeunes adultes a aussi provoqué des changements dans les habitudes de déplacement, dit-elle.

Le Dr Frankland ajoute: «Chez la souris et l’homme, le cerveau adolescent est encore en développement. Cette étude suggère que la consommation de cocaïne chez les adolescents est extrêmement risquée, en partie parce qu’elle affecte la croissance du cerveau à une phase cruciale. Le Dr Frankland est également professeur agrégé au Département de physiologie de l’Université de Toronto.

Des recherches futures pourraient étudier les effets de l’alcool, de la nicotine, de la marijuana et d’autres drogues sur la structure du cerveau adolescent, ajoute le Dr Frankland.

L’article est intitulé «Adolescent Cocaine Exposure Causes Enduring Macroscale Changes in Mouse Brain Structure.»

L’étude a été financée par la Fondation SickKids, les Instituts de recherche en santé du Canada, et par l’ Ontario Mental Health Foundation.

Source du texte et de l’image: Hospital for Sick Children, Toronto
Traduction: CAN-ACN
Référence:
Wheeler AL, Lerch JP, Chakravarty MM, Friedel M, Sled JG, Fletcher PJ,Josselyn SA, Frankland PW. Adolescent Cocaine Exposure Causes Enduring Macroscale Changes in Mouse Brain Structure. J Neurosci. 2013 Jan 30;33(5):1797-1803. PubMed PMID: 23365219.