Des chercheurs de l’IRCM découvrent une horloge interne de la cellule nerveuse

Frédéric Charron
Dr. Frédéric Charron

Un pas en avant dans la régénération et la réparation de cellules nerveuses.

Une équipe de chercheurs à l’IRCM, dirigée par le Dr Frédéric Charron, a récemment découvert une horloge interne de la cellule nerveuse, utilisée lors du développement embryonnaire. La découverte a été faite en collaboration avec le laboratoire de la Dre Alyson Fournier à l’Institut neurologique de Montréal. Publiée aujourd’hui dans la prestigieuse revue scientifique Neuron, cette percée pourrait mener au développement de nouveaux outils pour réparer et régénérer les cellules nerveuses à la suite de lésions du système nerveux central.

Les chercheurs dans le laboratoire du Dr Charron étudient les neurones, soit les cellules nerveuses qui composent le système nerveux central (cerveau et moelle épinière). Ils veulent mieux comprendre comment les neurones naviguent à travers l’embryon en développement afin d’arriver à la bonne destination.

« Pour former correctement les circuits nerveux, les axones en développement (prolongement des neurones qui forment les nerfs) suivent des signaux externes afin de se rendre aux bonnes cibles. Nous avons découvert que les cellules nerveuses ont aussi une horloge interne qui modifie leur réponse aux signaux externes avec le temps, alors que les cellules se développent » a dit le Dr Charron, directeur de l’unité de recherche en biologie moléculaire du développement neuronal à l’IRCM.

Pour ce projet de recherche, les scientifiques de l’IRCM ont ciblé la protéine Sonic Hedgehog (Shh), qui fournit aux cellules l’information nécessaire pour que l’embryon se développe correctement et qui joue un rôle critique dans le développement du système nerveux central.

« Il est connu que les axones suivent le signal Shh pendant leur développement. Par contre, les axones modifient leur comportement lorsqu’ils atteignent cette protéine, ce qui a longtemps constitué un mystère pour la communauté scientifique. Nous avons trouvé qu’une horloge interne de la cellule nerveuse change la réponse de cette dernière lorsqu’elle atteint la protéine Shh. Plutôt que de suivre le signal Shh, la cellule commence alors à être repoussée par le même signal » a expliqué la Dre Patricia Yam, associée de recherche au laboratoire du Dr Charron et première auteure de l’article.

« Nos résultats montrent ainsi que plus d’un système agit sur la direction des axones lors du développement. Les cellules nerveuses ne font pas que répondre aux signaux externes, mais ont aussi un système de contrôle interne. Cette découverte est importante puisqu’elle offre de nouvelles possibilités pour le développement de techniques de régénération et de réparation des cellules nerveuses. En plus de tenter de modifier les facteurs externes, nous pouvons dorénavant aussi considérer la modification d’éléments à l’intérieur de la cellule pour changer son comportement » a ajouté la Dre Yam.

Les lésions au système nerveux central affectent des milliers de canadiens chaque année et peuvent mener à une invalidité permanente. Fréquemment causées par un accident, un accident vasculaire cérébral (AVC) ou une maladie, ces blessures sont très difficiles à réparer. De nouveaux outils sont donc requis pour réparer les lésions du système nerveux central, y compris des techniques qui pourraient permettre la régénération des cellules nerveuses.

« Les Instituts de recherche en santé du Canada sont ravis d’appuyer la recherche qui a pour but d’améliorer la vie des individus ayant des dommages au cerveau ou à la moelle épinière. La réparation et la régénération de cellules nerveuses demeurent des défis importants en santé et nous croyons que les résultats de recherche du Dr Charron pourront contribuer à trouver une solution » a dit le Dr Anthony Phillips, directeur scientifique de l’Institut des neurosciences, de la santé mentale et des toxicomanies.

À propos du projet de recherche

Ce projet de recherche a été subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), la Peter Lougheed Medical Research Foundation, le Programme de neuro-ingénierie de l’Université McGill et le Fonds de recherche de Québec – Santé (FRQS). L’article publié dans Neuron est le résultat d’une collaboration entre l’équipe du Dr Charron et le laboratoire de la Dre Alyson Fournier à l’Institut neurologique de Montréal (département de neurologie et de neurochirurgie). Les autres collaborateurs de l’IRCM sont Steves Morin, W. Todd Farmer et Léa Lepelletier.

 

Source du texte: Institut de Recherche Clinique de Montréal
Article de recherche original : Neuron