Une étude de l’UBC montre que la pensée analytique peut diminuer la croyance religieuse

Ara Norenzayan
26 avril 2012 – Une nouvelle étude de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) démontre que la pensée analytique peut diminuer la croyance religieuse, même chez les croyants pieux.

L’étude, parue dans la revue Science, montre que la pensée analytique augmente l’incrédulité parmi les croyants et mais aussi chez les sceptiques, augmentant ainsi nos connaissances sur la psychologie des croyances religieuses.

«Notre objectif était d’explorer une question fondamentale: savoir pourquoi les gens croient en un Dieu mais à des degrés différents», explique l’auteur principal de l’étude, Will Gervais, étudiant au doctorat en Département de psychologie de l’UBC. «Une combinaison de facteurs complexes ont des influences sur les questions de spiritualité personnelle, et ces nouveaux résultats suggèrent que le système cognitif lié à des pensées analytiques est un facteur qui peut influencer l’incrédulité.»

Les chercheurs ont utilisé des tâches de résolution de problèmes et des techniques subtiles de préparation expérimentale, comme montrer des images du «Penseur» de Rodin aux participants ou alors demander aux participants de remplir des questionnaires écrits avec des polices difficiles à lire – afin de susciter une pensée analytique chez les sujets. Les chercheurs, qui ont ensuite évalué les niveaux de croyance des participants en utilisant une variété de mesures autodéclarées, ont trouvé que les participants qui étaient engagés dans des tâches d’analyse avaient une croyance religieuse moindre par rapport aux participants qui étaient engagés dans des tâches qui ne nécessitaient pas de pensée analytique.

Les résultats, dit Gervais, sont basés sur un modèle de psychologie humaine bien ancré qui postule que deux systèmes cognitifs distincts, mais liés, existent pour traiter l’information: un système «intuitif», qui repose sur des raccourcis mentaux pour générer des réponses rapides et efficaces, et un système plus «analytique» qui donne des réponses plus étudiées et motivées.

«Notre étude s’appuie sur des recherches antérieures qui relient les croyances religieuses à la pensée «intuitive», explique le co-auteur et professeur associé au département de psychologie de UBC, Ara Norenzayan. «Nos résultats suggèrent que l’activation du système cognitif «analytique» dans le cerveau peut porter atteinte au soutien «intuitif» de la croyance religieuse, du moins temporairement.»

Plus de 650 personnes ont participé à cette étude, aux États-Unis et au Canada. Gervais indique que les prochaines études viseront à déterminer si l’augmentation de l’incrédulité religieuse est temporaire ou de longue durée, et comment ces résultats s’appliquent à des cultures non occidentales.

Les statistiques récentes suggèrent que la majorité de la population mondiale croit en un Dieu, mais que l’on dénombre des centaines de millions d’athées et d’agnostiques, dit Norenzayan, qui est co-directeur du «Centre for Human Evolution, Cognition and Culture» de UBC. Les convictions religieuses sont façonnées par des facteurs psychologiques et culturels et fluctuent dans le temps et selon les situations, dit-il.

Source du texte et de l’image:
University of British Columbia
Traduction: Association Canadienne des Neurosciences