Masayuki Hata, Université de Montréal
Scientific publication
Hata M, Andriessen EMMA, Hata M, Diaz-Marin R, Fournier F, Crespo-Garcia S, Blot G, Juneau R, Pilon F, Dejda A, Guber V, Heckel E, Daneault C, Calderon V, Des Rosiers C, Melichar HJ, Langmann T, Joyal JS, Wilson AM, Sapieha P. Past history of obesity triggers persistent epigenetic changes in innate immunity and exacerbates neuroinflammation. Science. 2023 Jan 6;379(6627):45-62. doi: 10.1126/science.abj8894. Epub 2023 Jan 5. PMID: 36603072.
Les antécédents d’obésité déclenchent des modifications de l’immunité qui pourraient contribuer à la dégénérescence maculaire liée à l’âge
Les recherches menées par Masayuki Hata, post-doctorant à l’Université de Montréal, ont permis d’identifier un nouveau mécanisme moléculaire reliant l’obésité à la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), une cause majeure de cécité irréversible qui touche environ 196 millions de personnes dans le monde. Si la prédisposition génétique augmente le risque de DMLA, elle n’en est pas la cause définitive, ce qui souligne le rôle des facteurs liés à l’environnement et au mode de vie. Cette recherche a montré que les facteurs de stress tels que l’obésité peuvent reprogrammer les cellules immunitaires innées, les amenant à adopter un comportement destructeur à l’égard des yeux vieillissants, même après la disparition de l’obésité. En utilisant l’obésité comme modèle de facteur de stress, les chercheurs ont découvert que les antécédents d’obésité induisent des changements architecturaux durables de la chromatine dans les cellules immunitaires innées, les incitant à produire des molécules inflammatoires. Ces résultats éclairent la biologie des cellules immunitaires responsables de la DMLA et ouvrent la voie à de futures thérapies ciblées. Les implications de cette étude pourraient également s’étendre à d’autres maladies liées à la neuroinflammation, telles que la maladie d’Alzheimer et la sclérose en plaques.
Bien que les antécédents d’obésité aient été associés à un risque accru de nombreuses maladies liées à l’âge, le mécanisme par lequel cela se produit n’était pas connu. Dans un modèle de souris, Masayuki Hata et ses collègues ont découvert qu’en cas d’obésité, les acides gras libres modifient les cellules immunitaires appelées macrophages du tissu adipeux pour les rendre pro-inflammatoires. Ces cellules modifiées peuvent ensuite se déplacer vers l’œil, où leur effet inflammatoire favorise la DMLA. Des pistes thérapeutiques visant à reprogrammer les macrophages ou à éliminer les sous-populations de cellules pro-inflammatoires pourraient retarder l’apparition de la DMLA.
Cette meilleure compréhension des mécanismes liant l’obésité et la DMLA pourrait conduire à un traitement médical préventif qui pourrait réduire considérablement le fardeau des maladies du vieillissement pour les patients et la société. Les chercheurs espèrent en outre que leur découverte incitera d’autres scientifiques à s’intéresser, au-delà des maladies liées à l’obésité, à d’autres maladies caractérisées par une neuroinflammation accrue, notamment la maladie d’Alzheimer et la sclérose en plaques. Cette découverte pourrait prolonger l’espérance de vie en bonne santé en prévenant la fragilité, apportant ainsi une contribution sociale significative.
À propos de Masayuki Hata
Masayuki Hata a effectué cette recherche en tant que stagiaire postdoctoral dans le laboratoire de Przemyslaw (Mike) Sapieha au Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, affilié à l’Université de Montréal. En tant que premier auteur de cette étude, il a conçu et réalisé la recherche, analysé les données et rédigé l’article avec la contribution des autres coauteurs.
Masayuki Hata est actuellement professeur associé au département d’ophtalmologie et de sciences visuelles de l’École supérieure de médecine de l’Université de Kyoto, au Japon.
Sources de financement
Le financement de cette recherche a été assuré par : Diabète Canada, Instituts de recherche en santé du Canada, Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, La Fondation lutte contre la cécité Canada, le Fonds de Recherche en Ophtalmologie de l’Université de Montréal (FROUM), le Réseau en Recherche en Santé de la Vision, la Fondation canadienne pour l’innovation et la Fondation de l’Institut de Cardiologie de Montréal.