Prix Cerveau en tête: Lauren T. Seabrook et Lindsay Naef

Lauren T. Seabrook and Lindsay Naef
University of Calgary

Publication scientifique

Seabrook, L. T*., Naef, L*., Baimel, C., Judge, A. K., Kenney, T., Ellis, M., Tayyab, T., Armstrong, M., Qiao, M., Floresco, S. B., & Borgland, S. L. (2022). Disinhibition of the orbitofrontal cortex biases decision-making in obesity. * Co-first Nature neuroscience, 10.1038/s41593-022-01210-6. Dec 15 2022.

https://doi.org/10.1038/s41593-022-01210-6

La compréhension du mécanisme de l’altération de la prise de décision chez les souris nourries avec un régime riche en gras pourrait aider à définir de nouvelles cibles thérapeutiques.

L’obésité induite par l’alimentation est un problème de santé majeur car elle est souvent associée à des comorbidités telles que le diabète de type 2, les accidents vasculaires cérébraux, le cancer et la dépression. Des études montrent qu’une consommation accrue d’aliments transformés riches en sucre, en graisses et en sels peut altérer la capacité d’un individu à contrôler son apport calorique, ce qui conduit à une surconsommation et à un poids corporel plus élevé. De nouvelles recherches menées par Lauren Seabrook et Lindsay Naef à l’université de Calgary permettent de comprendre comment les aliments obésogènes modifient les circuits neuronaux et orientent le comportement vers la prise de nourriture au-delà de la satiété.

En utilisant des souris, les chercheurs ont étudié les effets d’un régime riche en graisses sur le cortex orbitofrontal latéral (lOFC), une région clé du cerveau qui guide la prise de décision liée à la consommation de nourriture, et ont fait trois découvertes passionnantes.

Premièrement, ils ont mesuré l’activité d’un sous-ensemble de neurones appelés neurones pyramidaux et ont constaté qu’ils étaient plus actifs chez les souris soumises à un régime riche en graisses.

Deuxièmement, ils ont montré que le comportement des souris obèses était modifié de manière à favoriser la suralimentation. Normalement, une récompense alimentaire peut être dévaluée par la satiété (sentiment d’être rassasié) ou par l’association de la nourriture à une maladie (intoxication alimentaire). Cette dévaluation a été modifiée chez les souris obèses, qui ont continué à se nourrir après la satiété et en présence d’un goût associé à une maladie.

Troisièmement, les chercheurs ont pu montrer qu’un neurotransmetteur spécifique, le GABA, agit pour inhiber l’activité dans le lOFC pendant la dévaluation alimentaire. La diminution du tonus GABAergique chez les souris maigres a favorisé le comportement de suralimentation, tandis que l’augmentation du tonus GABAergique chez les souris obèses a favorisé la dévalorisation de la nourriture.

Dans l’ensemble, ces résultats offrent de nouvelles pistes intéressantes pour traiter l’obésité en ciblant les centres de décision du cerveau. Actuellement, au Canada, quatre médicaments sont utilisés pour le traitement du surpoids et de l’obésité, mais aucun d’entre eux ne cible spécifiquement les mécanismes cérébraux permettant de modifier les choix alimentaires. Ces résultats constituent une nouvelle cible thérapeutique potentielle.

Cette recherche a été financée par une bourse de recherche Koopmans, une subvention de recherche du Mathison Centre for Research and Education Neural Circuits, une subvention de fonctionnement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC, FDN-147473) et une chaire de recherche du Canada de niveau 1 (950-232211) attribuée à Stephanie Borgland. Lauren Seabrook a bénéficié d’une bourse doctorale Harley Hotchkiss en neurosciences. Lindsay Naef a bénéficié de bourses postdoctorales du Fonds de la recherche en santé du Québec, d’Alberta Innovates Health Solutions et des IRSC.

À propos de Lauren T Seabrook et Lindsay Naef.

Lauren T Seabrook et Lindsay Naef ont effectué cette recherche en tant qu’étudiants en doctorat à l’Université de Calgary, dans le laboratoire du Dr Stephanie Borgland. En tant que co-auteurs de la publication, elle et le Dr Lindsay Naef ont réalisé la plupart des expériences, l’analyse des données, et ont contribué de manière significative à la rédaction et à l’édition du manuscrit. La Dre Naef travaille actuellement chez Novo Nordisk.