Steven Lamontagne | Queen’s University in Kingston, Ontario
Scientific publication:
Lamontagne, S. J., Winters, M. F., Pizzagalli, D. A., & Olmstead, M. C. (2021). Post-acute sequelae of COVID-19: Evidence of mood & cognitive impairment. Brain, Behavior, & Immunity-Health, 17, 100347.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666354621001502?via%3Dihub
COVID longue: Une étude canadienne montre que la COVID-19 produit des effets néfastes à long terme sur la santé mentale
Les conséquences dévastatrices de l’infection aiguë par la COVID-19 sur la santé ont été minutieusement caractérisées, mais on s’inquiète de plus en plus du fait que ceux qui survivent à l’infection puissent subir des effets à long terme. En effet, de nombreux survivants développent des symptômes chroniques et débilitants longtemps après la guérison virale, malgré la légèreté de la maladie au début, ce qui indique des effets résiduels qui touchent plusieurs systèmes au sein du système nerveux. Une étude dirigée par Steven Lamontagne, étudiant en doctorat, figure parmi les articles sur la COVID longue les plus cités depuis 2020 et rapporte qu’une infection antérieure à la COVID-19 produit des nuisances à long terme sur la santé mentale chez des personnes sans troubles de santé mentale antérieurs (avant l’infection).
Plus précisément, les chercheurs ont constaté des déficits de l’humeur, de la réactivité aux récompenses et du fonctionnement exécutif qui ont persisté pendant des mois après l’infection. En ce qui concerne les déficiences cognitives basées sur les tâches, ils ont constaté des déficiences spécifiques au domaine du contrôle cognitif (c’est-à-dire le fonctionnement exécutif), mais les capacités d’alerte et d’orientation de l’attention sont restées intactes. Cela suggère que la COVID-19 a un impact spécifique sur le fonctionnement exécutif d’ordre supérieur plutôt que sur les capacités cognitives générales.
Il est essentiel de noter que ces résultats ne sont pas la conséquence de problèmes d’humeur ou cognitifs pré-pandémiques, étant donné que tous les participants ont été soigneusement examinés (dans le groupe témoin et dans le groupe COVID-19 antérieur) pour vérifier qu’ils n’avaient jamais souffert de troubles mentaux ou physiques. Contrairement à d’autres études portant sur la COVID-19 longue, cette étude (1) comprenait un groupe témoin sans COVID-19, (2) incluait une analyse de modération qui a révélé que les effets n’étaient pas secondaires au stress lié à la pandémie, et (3) ne recrutait que des survivants de la COVID-19 qui avaient été diagnostiqués au moins deux semaines avant de terminer l’étude, réduisant ainsi la probabilité d’effets confondants liés à une infection aiguë (par exemple, fièvre, nausées, maux de tête). Il est particulièrement intéressant de noter que ces effets n’étaient pas liés à l’âge des participants ou à la gravité de l’infection aiguë, ce qui suggère que des séquelles de santé mentale post-aiguës pourraient apparaître indépendamment de la gravité de la maladie ou de la susceptibilité à celle-ci.
Cet article en accès libre sera d’une importance particulière car les cas de COVID-19 continuent d’augmenter dans le monde. Ces résultats mettent en évidence des réponses immunitaires potentiellement prolongées qui contribuent à des « comportements de maladie » persistants, caractéristiques des réactions hyperinflammatoires. Ainsi, cet article pourrait être un catalyseur pour de futures études immunologiques visant à étudier les thérapies qui tempèrent la réponse immunitaire chez les personnes atteintes de la COVID-19. Cette étude est la première à examiner les déficits liés à la récompense chez les survivants de la COVID-19, et l’une des rares à administrer une tâche d’attention informatisée bien validée (plutôt qu’une batterie ou des auto-évaluations).
Ces résultats contribueront non seulement à la mise au point de traitements pour la COVID-19 longue, mais pourraient également encourager les gens à continuer d’adhérer aux mesures de santé publique pour éviter l’infection.
Steven Lamontagne
Steven Lamontagne a réalisé cette étude en tant qu’étudiant en doctorat dans le laboratoire du Dr. Mary Olmstead à l’Université Queen. En tant que chercheur principal du protocole, Steven Lamontagne a conçu l’étude et supervisé la collecte des données. Il a administré les tâches, analysé les données et rédigé le manuscrit dans son intégralité avec les commentaires et les conseils de ses superviseurs. Il est l’auteur correspondant du manuscrit.
Source de financement
Ce travail a été soutenu par une subvention à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada à M. Olmstead et par une bourse d’études supérieures Alexander Graham Bell du CRSNG à M. Lamontagne.