Prix Cerveau en tête 2020: Nuria Daviu Abant

Nuria Daviu Abant
Nuria Daviu Abant

Dr. Nuria Daviu Abant, University of Calgary

Scientific publication

Núria Daviu, Tamás Füzesi, David G Rosenegger, Neilen P Rasiah, Toni-Lee Sterley, Govind Peringod, Jaideep S Bains Paraventricular nucleus CRH neurons encode stress controllability and regulate defensive behavior selection. Nature Neuroscience. 2020 Mar;23(3):398-410. doi: 10.1038/s41593-020-0591-0 https://www-nature-com.ezproxy.lib.ucalgary.ca/articles/s41593-020-0591-0

L’identification des neurones qui encodent la contrôlabilité du stress et régulent la réponse au stress permet de mieux comprendre la base neuronale de la résilience au stress.

Notre survie dépend de notre capacité à nous adapter et à répondre en permanence aux défis en constante évolution de notre monde.  Une question fascinante que le Dr Nuria Daviu et ses collègues ont contribué à élucider est de savoir comment le cerveau utilise les informations sur le contrôle pendant une exposition au stress pour modifier sa réponse à des situations de stress futures. Leurs recherches montrent qu’un groupe spécifique de neurones, appelés neurones de l’hormone de libération de la corticotrophine (CRH), codent la contrôlabilité du stress et régulent la réponse comportementale au stress.

Chez l’homme et les rongeurs, la perception du contrôle qu’a un individu pendant les événements stressants a des conséquences comportementales durables. Mais la manière dont le cerveau relie une expérience stressante passée à des comportements futurs était mal comprise. Nuria Daviu et ses collègues ont montré que les neurones hypothalamiques de la CRH augmentent leur activité avant l’initiation d’un comportement de fuite. Cette augmentation anticipée est sensible aux stimuli stressants pour lesquels le contrôle du résultat est élevé ou faible. Plus précisément, un stress expérimental avec un contrôle élevé du résultat augmente l’activité anticipée de la CRH, ce qui accroît le comportement de fuite futur. En revanche, un stress sans contrôle du résultat empêche l’émergence de cette activité anticipative et diminue le comportement de fuite ultérieur. Ces observations indiquent que les neurones CRH encodent la contrôlabilité du stress et contribuent aux changements entre les stratégies défensives innées actives et passives.

Ces résultats chez la souris peuvent avoir des implications importantes pour l’homme, car de nombreux rapports indiquent que les personnes qui ont vécu un traumatisme au cours duquel elles avaient l’impression de ne pas avoir le contrôle présentent des réponses passives aux facteurs de stress ultérieurs, ce qui rend difficile de relever les défis.

En révélant que le stress incontrôlable et le stress contrôlable ont des effets opposés sur l’activité d’une seule population de cellules, ces résultats ouvrent une voie vers l’utilisation du stress contrôlable comme approche non pharmaceutique pour les patients traumatisés. Si des antécédents de stress contrôlable rendent les individus plus résilients, même dans des situations stressantes différentes, il s’ensuit que l’on pourrait entraîner la résilience en présentant intentionnellement des facteurs de stress contrôlables.  Ce rôle nouvellement révélé des neurones CRH ouvre une nouvelle perspective sur l’étude de la base neuronale de la résilience au stress. De expériences futures viseront à évaluer comment cette population cellulaire particulière interagit avec d’autres régions du cerveau pour recevoir, traiter et transmettre des comportements défensifs innés.

Dr. Nuria Daviu Abant

La Dre Nuria Daviu Abant a réalisé cette étude en tant que chercheuse postdoctorale dans le laboratoire du Dr Jaideep Bains au Hotchkiss Brain Institute de l’Université de Calgary. La question de savoir comment la contrôlabilité du stress affecte le comportement humain futur intrigue le Dr Daviu depuis longtemps. Lorsqu’elle a rejoint le laboratoire du Dr Bains, elle était déterminée à comprendre comment le noyau central de la réponse au stress pouvait être impliqué dans la réponse à la contrôlabilité du stress et ses conséquences. Elle a conceptualisé le projet, conçu et réalisé des expériences et analysé la majorité des données.  Le Dr Daviu a rédigé le manuscrit avec le Dr Bains.

 

Sources de financement

Ce travail a été soutenu par une subvention de fonctionnement accordée à Jaideep Bains par les Instituts de recherche en santé du Canada et par la plateforme neurophotonique de Brain Canada. Nuria Daviu a été soutenue par des bourses de recherche d’Alberta Innovates-Health Solutions.