Réponse de l’ACN au budget fédéral 2023

Réponse au budget déposé le 28 mars 2023

L’Association canadienne des neurosciences joint sa voix au reste de la communauté scientifique pour exprimer sa déception face au manque de soutien à la science, à la recherche et aux étudiants dans le budget 2023.

Certaines questions restent sans réponse à la suite de ce budget :

Comment le gouvernement peut-il ne pas reconnaître que la recherche fondamentale est le moteur de l’innovation et de la croissance économique ?

Le budget 2023 n’augmente pas le financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), qui sont des mécanismes de financement clés pour tous les scientifiques canadiens qui soutiennent la recherche fondamentale au Canada.

La recherche fondamentale est essentielle pour éclairer notre réponse aux nouveaux défis et renforcer notre résilience, comme l’a montré la pandémie de COVID. C’est la recherche fondée sur la curiosité qui a fourni les outils nécessaires à la mise au point des vaccins qui ont sauvé des milliards de vies. En outre, le financement de la recherche fondamentale présente d’autres avantages, notamment:

  • La création de bons emplois pour les Canadiens – Investir dans la recherche scientifique conduit à la création d’emplois pour le personnel hautement qualifié (PHQ), non seulement dans les laboratoires de recherche, mais aussi dans divers secteurs industriels, gouvernementaux et publics. Nos stagiaires jouent un rôle clé dans les entreprises médicales et de haute technologie au Canada, qui cherchent à pourvoir des postes compétitifs.
  • La diversification et le renforcement de l’économie canadienne – Le monde évolue vers une économie de la connaissance et de l’innovation, dans laquelle le Canada a le potentiel de jouer un rôle de premier plan. Les découvertes faites au Canada sont le fondement de l’innovation qui soutient une économie canadienne plus forte et plus diversifiée.

L’augmentation du soutien à la recherche fondamentale est un investissement dans la préparation et la résilience scientifiques, qui permet au Canada d’être prêt à relever de nouveaux défis et à jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale. Nous ne savons pas d’où viendra la prochaine grande découverte et la diversité des investissements dans les sciences au Canada, tout comme les portefeuilles d’investissement, augmentera le retour sur investissement.

Comment un gouvernement qui reconnaît que les investissements dans la science sont l’une des clés pour aider les Canadiens à traverser les périodes difficiles et qui prétend placer les Canadiens au cœur de tout ce qu’il fait peut-il ne pas augmenter le soutien aux étudiants canadiens aux cycles supérieurs ?

Les étudiants qui réussissent à obtenir une bourse hautement compétitive du CRSNG (c.-à-d. le programme de maîtrise ; BESC-M) reçoivent 17,5 000 $ CAN par année, un montant qui n’a pas suivi l’inflation et qui stagne depuis 2003. Ce montant est inférieur au seuil de faible revenu de 22 000 dollars canadiens pour une personne vivant seule dans une grande ville canadienne.

Le collectif Soutenez notre science (https://www.supportourscience.ca/fr), dirigé par des étudiants diplômés de tout le Canada, a défendu haut et fort ce message simple :
Verser un salaire décent aux étudiants des cycles supérieurs et aux chercheurs postdoctoraux.
Ils ont fait part de leurs recommandations dans le cadre des consultations budgétaires officielles, en défilant sur la Colline du Parlement, en envoyant des lettres directes aux élus et en collaborant avec des partenaires, tels que des sociétés scientifiques comme la nôtre, qui ont également inclus des recommandations visant à accroître le soutien aux étudiants diplômés dans leurs mémoires de consultation prébudgétaire. Il est difficile de comprendre comment leur message a pu être ignoré.

Comment le gouvernement peut-il déclarer
Les dépenses du Canada pour la recherche et le développement dans l’enseignement supérieur, en proportion du PIB, ont dépassé celles de tous les autres pays du G7 (budget 2023, page 110)
alors que les données de l’OCDE – l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une organisation internationale reconnue qui est citée 11 fois dans le budget, publie des données normalisées qui indiquent le contraire ?


URL permanente du graphique : https://data.oecd.org/chart/72eH Données extraites le 3 avril 2023.
Le Canada se classe désormais à l’avant-dernière place des pays du G7 en termes de dépenses intérieures brutes en recherche et développement (R&D), avec seulement 1,6 % de son PIB investi dans la R&D.

Le Canada est le seul pays du G7 dont les investissements en R&D, exprimés en pourcentage du PIB, sont en baisse constante depuis 2001.

Ce faible niveau d’investissement place le Canada en dessous de la moyenne de 2,7 % des pays de l’OCDE et bien en dessous des États-Unis (3,4 %) et d’autres pays non-membres du G7 à croissance économique rapide comme la Corée du Sud (4,8 %) et Israël (5,4 %) en ce qui concerne les dépenses intérieures brutes en R&D.

Mot de la fin

Malgré notre déception face au budget 2023, les scientifiques sont déterminés à continuer à travailler pour tous les Canadiens.
À l’Association canadienne des neurosciences, nos chercheurs contribuent à relever les défis cruciaux auxquels le Canada est confronté. Les questions relatives au cerveau et à la santé mentale, qui sont parmi les plus complexes à comprendre, sont aussi les plus importantes à traiter. Le fardeau des troubles et des maladies du cerveau s’est considérablement alourdi au cours des 25 dernières années avec le vieillissement de la population et s’accroît encore en raison de la condition post-COVID19 (PCC). Cette situation a un impact négatif sur l’économie, les systèmes de santé et les moyens de subsistance des Canadiens. Les maladies neurodégénératives sont la première cause d’invalidité et la deuxième cause de décès dans le monde. Les troubles mentaux sont la première cause d’arrêt de travail. Grâce à leurs recherches, les neuroscientifiques canadiens travaillent sans relâche pour trouver des remèdes et des thérapies pour les Canadiens qui vivent avec des maladies et des affections.

Nous continuerons à informer les élus de l’importance de la contribution des scientifiques au Canada et à plaider en faveur d’un meilleur soutien à nos scientifiques. Le Canada a beaucoup à gagner en soutenant mieux la communauté scientifique.