L’Association canadienne des neurosciences est très fière d’annoncer que la Dre Mihaela Iordanova, de l’Université Concordia, est la lauréate du prix de la Jeune Chercheuse de l’Association canadienne des neurosciences 2020
Les recherches de la Dre Mihaela Iordanova (https://iordanovalab.org/) combinent des modèles comportementaux sophistiqués et les dernières techniques en neurosciences pour comprendre comment l’apprentissage est mis en œuvre dans le cerveau. Ses travaux se concentrent sur l’étude de la façon dont le cerveau établit des relations associatives entre les événements de l’environnement, sur la façon dont il met à jour les connaissances avec de nouvelles informations, et sur la façon dont il peut faire de nouvelles déductions sur le monde en se basant sur ses connaissances actuelles. Pour répondre à ces questions, son équipe utilise l’apprentissage par renforcement et la théorie associative formelle en conjonction avec l’enregistrement neuronal en temps réel et les techniques causales.
Les recherches de la Dre Iordanova ont des implications sur les troubles de l’apprentissage et de la mémoire ainsi que sur la gestion de la dépendance et de l’anxiété, des conditions qui peuvent être traitées cliniquement par des thérapies de modification du comportement.
L’apprentissage associatif nous permet de faire des prédictions (précises) sur le monde, ce qui nous permet de nous comporter d’une manière appropriée à une situation donnée. Le Dr Iordanova a fait des découvertes clés dans le domaine de l’apprentissage associatif et des neurosciences comportementales. Pour comprendre comment le cerveau établit des relations associatives, elle a identifié le mécanisme cérébral d’erreur de prédiction, le signal d’enseignement critique qui instruit l’apprentissage. L’erreur de prédiction survient lorsque la réalité ne correspond pas aux prédictions. Les recherches de la Dre Iordanova éclairent la façon dont ce processus se produit dans le cerveau. En utilisant des techniques comportementales et optogénétiques de pointe pour moduler la signalisation dans le cerveau, elle a récemment pu fournir des informations importantes sur le rôle de la dopamine en tant que signal d’erreur de prédiction.
La capacité à mettre à jour des prédictions précédemment établies et, à terme, de modifier le comportement nous permet de réduire, voire d’éliminer, les actions inefficaces. Un deuxième concept important que la Dre Iordanova étudie vise ce processus de mise à jour, en particulier lorsque nos prédictions sur les événements à venir dépassent la réalité. Cette forme d’apprentissage conduit à un ajustement à la baisse de nos prévisions et à une inhibition des comportements établis. Les travaux effectués dans le laboratoire d’Iordanova étudient cet apprentissage dans diverses conditions et ont permis d’identifier le rôle spécifique des régions du cerveau dans cet apprentissage.
Enfin, le laboratoire Iordanova étudie également comment les souvenirs émotionnels peuvent être liés aux souvenirs du passé ou généralisés aux souvenirs nouvellement acquis, ajoutant ainsi une composante émotionnelle aux souvenirs normalement neutres. Par exemple, un signal spécifique peut être associé à un résultat induisant la peur, et un second signal, initialement neutre, une fois associé au premier signal, peut devenir chargé émotionnellement (produisant la peur). La Dre Iordanova a étudié la neurobiologie de la façon dont les souvenirs émotionnels se propagent dans le réseau de la mémoire.
En réunissant de nombreux aspects différents de l’apprentissage, de l’apprentissage initial à la mise à jour, à travers différents états émotionnels, de l’appétit (récompense) à l’aversion (peur), les recherches du Dr Iordanova ont permis de mieux comprendre l’interaction complexe des régions du cerveau et des signaux qui favorisent l’apprentissage et la mémoire.
L’objectif de Mihaela est de combler le fossé entre les champs appétitif et aversif et de comprendre comment ces événements interagissent sur le plan comportemental et dans le cerveau. Cet axe de recherche est totalement nouveau et aura certainement un impact important sur le domaine. Ainsi, elle a continué à faire des découvertes fondamentales en matière de neurosciences comportementales et est devenue un leader dans ce domaine. Je pense que son approche et ses découvertes apportent un éclairage fondamental sur la neurobiologie de l’apprentissage et de la mémoire.
-Geoffrey Schoenbaum, MD, PhD, chercheur distingué – NIDA/NIH
L’importance des travaux du Dr Iordanova va au-delà de la science fondamentale qui consiste à comprendre comment le cerveau réagit à la récompense et à la peur. Ils sont pertinents pour les milieux cliniques, car les approches comportementales et pharmacologiques utilisées pour réduire les comportements indésirables sont à la base des traitements cliniques de l’anxiété et de la dépendance, comme la thérapie d’exposition aux signaux.
Le Dr Mihaela Iordanova s’est révélée être une chercheuse qui réfléchit profondément et qui a apporté des contributions uniques et très importantes au domaine des neurosciences.
Cecilia Flores, Ph.D., professeur au département de psychiatrie de l’université McGill
Dr. Iordanova occupe une Chair de Recherche du Canada (Tier 2) en Neurosciences Comportementales, et une bourse NARSAD pour jeune chercheure obtenue en 2016. De plus, elle a recu une bourse K99/R00 pour « carrière indépendante » par l’Institut National sur l’Abus des Drogues en 2012. La recherche du Dr. Iordanova est supportée par des financements du gouvernement provincial et fédéral, y compris les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en genie du Canada, ainsi que les Fonds de Recherche du Québec en Nature et Technologies. Elle est membre du Collège des évaluateurs et rend service aux comités de rédaction des journaux eLife, Journal of Neuroscience, Scientific Reports, Behavioural Neuroscience, Learning & Behaviour, et Journal of Experimental Psychology: Animal Learning and Cognition.
Outre sa reconnaissance en tant que leader dans le domaine de l’apprentissage et de la mémoire, la Dre Iordanova a également fait preuve d’un engagement fort pour la formation de la prochaine génération de scientifiques, en soutenant et en offrant des possibilités de développement de carrière à ses étudiants. Elle est également reconnue par ses pairs comme une excellente oratrice qui a un impact important dans son domaine.
Le Dr Iordanova a déjà prouvé qu’elle est une scientifique exemplaire – nous sommes fiers de lui décerner le prix de la jeune chercheuse de l’ACN 2020.
Pour en savoir plus sur les recherches de la Dre Mihaela Iordanova, consultez son site web : https://iordanovalab.org/
Cinq publications-clés de la Dre Iordanova
Causal evidence supporting the proposal that dopamine transients function as temporal difference prediction errors. Maes EJP, Sharpe MJ, Usypchuk AA, Lozzi M, Chang CY, Gardner MPH, Schoenbaum G, Iordanova MD. Nat Neurosci. 2020 Feb;23(2):176-178. doi: 10.1038/s41593-019-0574-1. Epub 2020 Jan 20.
The serial blocking effect: a testbed for the neural mechanisms of temporal-difference learning. Mahmud A, Petrov P, Esber GR, Iordanova MD. Sci Rep. 2019 Apr 12;9(1):5962. doi: 10.1038/s41598-019-42244-4.
Neural correlates of two different types of extinction learning in the amygdala central nucleus. Iordanova MD, Deroche ML, Esber GR, Schoenbaum G. Nat Commun. 2016 Aug 17;7:12330. doi: 10.1038/ncomms12330.
Dissociation of Appetitive Overexpectation and Extinction in the Infralimbic Cortex. Lay BPP, Nicolosi M, Usypchuk AA, Esber GR, Iordanova MD. Cereb Cortex. 2019 Aug 14;29(9):3687-3701. doi: 10.1093/cercor/bhy248. Erratum in: Cereb Cortex. 2019 Apr 1;29(4):1703.
Retrieval-mediated learning involving episodes requires synaptic plasticity in the hippocampus. Iordanova MD, Good M, Honey RC. J Neurosci. 2011 May 11;31(19):7156-62. doi: 10.1523/JNEUROSCI.0295-11.2011.